Massacres, Assassinats et Exécutions Sommaires au Congo Brazzaville
La Toussaint fait partie des
principales fêtes du calendrier liturgique chrétien. C'est la fête de tous les saints, qu'ils figurent ou non dans le calendrier. Cette fête est aussi l'occasion de rappeler que tous les hommes
sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles.
Le jour des morts (le 2 novembre), lui, est, dédié au souvenir des morts. C’est l’occasion de faire un tour au cimetière, pour fleurir les tombes de toutes celles et ceux que nous avons aimés.
Un peuple qui n'est pas capable de respecter ses morts, n'a rien à demander à l'histoire. Occulter la dimension tragique de l’Histoire c’est se condamner à sortir de l’Histoire.
On ne construit pas la Paix en renonçant ou en oubliant. On construit la Paix sur le courage, la fidélité aux valeurs, aux convictions et le sens de l’honneur.
Où est l’honneur et la dignité d’un peuple qui n’honore pas la mémoire de ceux qui ont aimé si sincèrement et si profondément leur pays qu’ils ont risqué leur vie et payé pour lui.
Nous publions ici la liste établie et publiée le 03 Avril 1998 par l’ex porte-parole du MCDDI monsieur Hellot Matson MAMPOUYA à l’intention des personnes qui soutenaient Denis SASSOU NGUESSO….
Voici quelques cas connus (sur des milliers) qui illustrent le drame que vit le peuple congolais après le coup d’Etat de Monsieur Denis SASSOU NGUESSO, le 15 octobre 1997.
Du 16 au 17 octobre 1997
:
Les troupes étrangères, notamment l'armée angolaise, les mercenaires, les éléments tchadiens, les ex-Faz et les cobras
ont massacré plus de cinq cents (500) civils, résidents et réfugiés des quartiers nord de Brazzaville à Bacongo, Makélékélé et environs, aménagés par le Député, Maire de Brazzaville, Monsieur
Bernard KOLELAS, en zone humanitaire depuis le déclenchement de la guerre. Les corps des victimes étaient entassés au Centre sportif de
Makélékélé et dans les cours de la morgue du Centre hospitalier de Makélékélé.
16 octobre 1997 :
- Le ministre Gabriel MATSIONA et deux (2) membres de sa famille sont assassinés par les milices cobras, les mercenaires et les troupes angolaises de SASSOU NGUESSO à son domicile situé à Massissia (zone sud). Les corps des victimes furent jetés dans un congélateur.
- Monsieur BAZEBIZONZA, Professeur d’anglais au Collège de l’Amitié, en compagnie de son épouse, sa soeur et de son enfant sont abattus à bout portant dans sa voiture au niveau du Centre Sportif de Makélékélé.
- Le jeune Marien, domicilié à Nzoko (Kinsoundi, zone sud) est froidement abattu par les cobras qui l’ont achevé au carrefour de Mbouono (Madibou, zone sud) devant la population.
Octobre 1997 :
- Monsieur MALANDA DIA MAYEMBO
- Monsieur MOUINI-LOUAGA
- Monsieur MALERCO
- Monsieur LOCKO-BOUKAKA Anicet sont abattus par les milices cobras, mercenaires et soldats angolais de SASSOU NGUESSO à Matoumbou (localité située sur le chemin de fer CFCO), dans la région du Pool.
Novembre 1997 :
- Monsieur MISSIDIMBAZI Paul et son fils Cyprien sont abattus à leur domicile par les milices cobras et les troupes de l’armée angolaise au service de SASSOU NGUESSO avant de piller leur domicile.
- Monsieur NTSONGA, domicilié au quartier Château d’Eau (zone sud - arrondissement 1)
- Monsieur MAYELE
- Monsieur MATSAMBA
- Monsieur NGANGA Charles
- Monsieur NGOMA Eric
- Monsieur OUMBA Jonas sont tous sommairement abattus au passage des milices cobras et soldats angolais au quartier Château d’eau.
- Monsieur LOUMBOUZI, chauffeur retraité des Services de Santé, domicilié rue Matiabou à Moukounzi-Ngouaka (zone sud, arrondissement 1) est froidement abattu au beach de "La Main-Bleue".
13 novembre 1997 :
- Monsieur ILLO est fusillé au passage des troupes angolaises.
16 novembre 1997 :
- Monsieur NGUEMBO est abattu froidement par les milices cobras, les mercenaires et soldats angolais au camp de la Gendarmerie de Makélékélé (zone sud de Brazzaville).
17 novembre 1997 :
- Monsieur MALANDA, domicilié à Brazzaville, est assassiné par les milices cobras de SASSOU NGUESSO.
- Monsieur MATABA Anicet, réfugié dans son village Louingui (région du Pool, District de Louingui) situé à plus de 150 km de Brazzaville (zone sud), est abattu par les troupes angolaises en compagnie des milices cobras.
25 novembre 1997 :
- Monsieur NGOUMA Joseph, exploitant forestier domicilié à Dolisie, est froidement abattu avec cinq (5) de ses enfants; tous enterrés dans sa parcelle située à côté du CEG Hochi-Minh, par un groupe de cobras et d’Angolais conduits par NGUESSO, neveu de Monsieur SASSOU NGUESSO.
Novembre 1997 :
Trois jeunes lycéens sont sommairement exécutés à Dolisie par les cobras, mercenaires et troupes angolaises. Il s’agit de :
- MOUKOYI Albert (25 ans)
- IBOUANGA Robert dit Roberto (23 ans)
- MOUKOKO Parfait (27 ans)
Décembre 1997 :
Enlèvement de quatre (4) jeunes filles, violées et exécutées par les cobras, mercenaires et soldats angolais dans la banlieue de Madibou (Arrondissement
1 Makélékélé - zone sud). Il s’agit de Mesdemoiselles :
- MILANDOU Odile
- MABIALA Carole
- PANGUI Rosette
- SYLVIE NENETTE
Décembre 1997 :
- Mademoiselle KIBAMBA Agnès, 25 ans, élève au lycée Lénine, habitant rue du Caire à Dolisie, est violée et assassinée par dix (10) soldats angolais, près de la base militaire.
Décembre 1997 :
Enlèvement et exécutions sommaires par les milices cobras, mercenaires et soldats angolais de :
- Monsieur KIBONGUI François, résidant à Pointe-Noire
- Sergent TOUTI Joseph, résidant à Pointe-Noire
- Sergent BOUDINGA Cyriac, Pointe-Noire
- Monsieur MBOUNGOU Roland, résidant à Pointe-Noire
- Monsieur DIANZINGA, demeurant à Makélékélé (Zone sud Brazzaville)
- Monsieur MANTSIONA, demeurant au quartier Matouta (zone Brazzaville sud)
- Monsieur MAMPIA, demeurant au quartier Matouta (zone Brazzaville sud)
25 Décembre 1997 (jour de Noël) :
Le Lieutenant Franck NGOUMA est enlevé, exécuté et enterré à la
sauvette dans les alentours de la base aérienne Numéro 01/20 à Brazzaville (zone sud) où son corps fut retrouvé.
2 Janvier 1998 :
- Monsieur NGOUILOU Joseph
- Monsieur NKODIA Alexis
- Monsieur MASSAMBA Siméon, demeurant tous au quartier MATOUTA (Arrondissement 1 Makélékélé, zone Brazzaville sud) sont enlevés et froidement exécutés par les milices cobras, les mercenaires et soldats angolais au service de SASSOU NGUESSO.
3 Janvier 1998 :
- Monsieur MALEKA Richard, militaire, est enlevé et fusillé au Stade Marchand à Brazzaville par un groupe de cobras, mercenaires et angolais au service de SASSOU NGUESSO.
27 janvier 1998 :
- Le Colonel MALONDA Jean-Joseph, Directeur Général de la Police Judiciaire, est exécuté à GAMBOMA sur instruction du Colonel OMBELE, neveu de Monsieur Denis SASSOU NGUESSO.
4 mars 1998 :
- Monsieur BADINGA Rodrigue et sa femme MAKISSOU Berthe sont enlevés au quartier Fond Tié-Tié, à Pointe-Noire, par un groupe de cobras, mercenaires et soldats angolais au service de SASSOU NGUESSO et ses souteneurs. La femme a été violée et son époux a été porté disparu.
- Monsieur YOULOU Patrice, alias "La Denga", père de sept (7) enfants, domicilié 65 rue Lounianga au quartier Météo à Brazzaville (zone sud) a été abattu sommairement par un cobra.
11 mars 1998 :
- Messieurs MOUTONDA Anatole et NKAYA-MAMPASSI, tous deux retraités, parti de Mouyondzi (Région du Niari-Bouenza- Lékoumou/Niboland) pour percevoir leur pension de retraite à Brazzaville sont retrouvés morts, assassinés, derrière le Lycée Technique de Brazzaville.
Mars 1998 :
- Le couple TAMBIKA Victor et Solange, avec plusieurs civils, sont froidement abattus par un bataillon de plus de deux cents (200) cobras, mercenaires et soldats angolais dans le village Matoumbou, région du Pool. Cette localité est située sur le chemin de fer CFCO, à 15 km de Kinkala, capitale régionale du Pool.
18 mars 1998 :
- Messieurs DIAWARA et NGOUNGA, demeurant à Massina (zone sud de Brazzaville), sont assassinés par un groupe de cobras, mercenaires et soldats angolais au service de SASSOU NGUESSO.
ENLEVEMENTS,
VIOLS
Novembre 1997 :
- Madame MOUKIMOU Célestine et ses trois (3) filles, Mesdemoiselles : IBINGA Anne, IBINGA Pierrette, IBINGA Fabienne, sont violées dans leur maison à Dolisie par les mercenaires et soldats angolais au service de SASSOU NGUESSO.
- Quatre (4) filles, élèves du Collège (CEG) Central de Dolisie, revenant des cours, ont été violées par des soldats angolais, mercenaires et cobras au service de SASSOU NGUESSO.
Il s’agit de :
- Mademoiselle MOUKIETO Françoise
- Mademoiselle KIAMA Léontine
- MBEMBA Judicaëlle
- MPASSI Alpha
Mademoiselle MAVOUNGOU Julie, 22 ans, étudiante, est enlevée et
violée par des cobras au quartier OCH de Pointe-Noire.
30 décembre 1997 :
Mesdemoiselles :
- SAMBA Yvette
- SAMBA Reine
- SAMBA Patricia, trois soeurs habitant, toutes, la rue Berlioz à Brazzaville-Bacongo (zone sud) sont enlevées devant leurs parents, et violées par un groupe de cobras, mercenaires et soldats angolais au service de Monsieur SASSOU NGUESSO.
17 janvier 1998 :
- Madame OUMBA Suzanne, âgée de 50 ans, est violée par quatre (4) soldats angolais dans sa maison sise rue Jolly à Bacongo (Brazzaville sud).
ARRESTATIONS - DETENTIONS
ARBITRAIRES
Novembre 1997 :
Arrestation et détention de :
- Ministre Jacques MOUANDA-MPASSI
- MOUNGONO Albert, Directeur commercial de Hydro-Congo
- KIBAMBA Pierre, Directeur Général des Douanes du Congo
- NGONO Emmanuel, Directeur Général de la CCA (Caisse Congolaise d’Amortissement)
Décembre 1997 :
Arrestations arbitraires d’officiers supérieurs détenus dans une prison souterraine à l’Académie militaire de Djili, à 30 km de Brazzaville, sur la
Nationale 2 (Route du Nord).
Il s’agit de :
- Général ETA-ONKA, Secrétaire Général à la Défense
- Colonel EWOLO Oscar, Commandant du Génie
- Colonel NKOUNKOU
- ABA-GANDZION, ancien Préfet de la Région des Plateaux
- MAKOUNZI-WOLO Nestor, membre du Conseil constitutionnel
- DZOUMANGUELET Henri-Marcelin, Inspecteur Général d’Etat adjoint
- MOUNANGA Patrick, PDG de Société
- KOUASSI Georges, Commerçant
Mars 1998 :
Arrestations arbitraires à Pointe-Noire :
- Colonel IGNE
- Colonel NDZOTA
- Colonel SABA
- Capitaine Célestin NGANGOYE, Commissaire de Police de Pointe-Noire
- Monsieur OKABE Saturnin, membre du Bureau politique du RDD, le parti de M. Jacques-Joachim YHOMBI-OPANGO.
Ainsi donc, depuis l’installation du pouvoir putschiste de Monsieur SASSOU
NGUESSO au Congo Brazzaville, de nombreux crimes, dont les exécutions sommaires, se poursuivent impunément.
Précédemment, nous avons déjà rappelé à l’opinion et à la Communauté internationales que dans la deuxième quinzaine du mois de février 1998, les
Eglises du Congo Brazzaville ont dénoncé, par la voix de l’Archevêque de Brazzaville, Monseigneur Barthélémy BATANTOU, les exécutions sommaires qui se poursuivent au Congo Brazzaville, plusieurs
mois après la fin de la guerre publiquement annoncée.
Le 9 mars 1998, l’Observatoire congolais des droits de l’homme, par la voix de son Président, Monsieur MOUNZEO Parfait, informait par une
interview sur la BBC, l’opinion internationale sur les exécutions sommaires de deux (2) policiers fusillés publiquement par les cobras, mercenaires et soldats angolais, au service de
SASSOU NGUESSO, au quartier Saint-Pierre à Pointe-Noire. L’un succomba sur le champ, l’autre fut transporté à l’hôpital Adolphe Cissé par
les habitants du quartier. Il fut retiré (enlevé) de l’hôpital par les mêmes cobras, mercenaires et soldats angolais, au service de SASSOU
NGUESSO, pour être achevé publiquement aux abords de l’hôpital.
Bref, lorsque nous dénonçons la poursuite de la violence, des crimes au Congo Brazzaville, nous parlons bel et bien de la dramatique réalité quotidienne sur le terrain.
Il sied de demander ce qu'attend le ministre Hellot Matson MAMPOUYA maintenant qu’il a du pouvoir et de l’argent pour que justice soit rendu à toutes celles et tous ceux qui avaient été lâchement massacrés pour qu’ils aient une stèle commémorative, pour que les familles soient dédommagées, pour qu’une enquête désigne un coupable même si celui-ci doit être amnistié ?
Le ministre Hellot Matson MAMPOUYA mentait il à l époque ou bien le fait d’être ministre justifie que les morts n’aient plus d importance ? Tout cela c’était donc seulement pour devenir ministre et non pas pour l’amour des gens et la conviction de mener un combat juste ?
On peut comprendre que la politique impose des compromis, des compromissions et même des retournements spectaculaires et inattendus mais la justice n’est elle pas universelle, impartiale, la même pour tous, allié ou pas ?
J’invite le ministre Hellot Matson MAMPOUYA a participer à une émission télévisée pour qu’il dise au peuple congolais s’il mentait à l’époque et pour qu’il demande pardon à celui que son chef Guy Brice Parfait KOLELAS appelle par "papa" pendant les conseils de ministres, ou alors qu’il dise que lorsqu’on devient ministre on a plus de foi ni de loi ; on a plus de valeurs ni de convictions.
Il s’agit d’honorer ceux qui sont tombés à tors ou à raison pour leur Congo Brazzaville. Il s’agit d’honorer aussi ceux que l’on n’a jamais honorés, ceux que l’on a oubliés, ceux auxquels l’on se contente de dire une fois merci au moment des funérailles ou au moment des messes de requiem mais dont on délaisse ensuite la mémoire parce que l’on préfère oublier les guerres dans lesquelles ils sont tombés sous le prétexte de consolider une paix hypothétique
C’est l’honneur d’un grand peuple de respecter et d’honorer ceux qui sont morts pour le défendre. Nous le devons non seulement à leur mémoire, mais aussi à leur famille, à leurs frères et à ceux qui continuent à risquer leur vie pour servir la cause du Congo Brazzaville.