AU COORDONNATEUR DU BUREAU EXECUTIF NATIONAL
DU MOUVEMENT CONGOLAIS POUR LA DEMOCRATIE ET LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL
Objet : ANALYSE SUR LA CONCERTATION AU SEIN DU MCDDI
CONTEXTE
Depuis la publication des résultats des élections législatives de juillet 2012 qui ont marqué le recul du MCDDI en terme du nombre de députés, une grogne s’élève aussi bien au sein de notre base que dans l’opinion publique pour réclamer un recadrage du parti pour un meilleur avenir.
Ces voix nous interpellent tous, à plus d’un titre, et nous obligent à partager avec vous l’analyse qui va suivre.
A. LA MISSION
La présente analyse tire sa légitimité de l’article 106 des statuts, qui reconnait la liberté d’expression au sein du parti. Elle se donne pour mission de résumer, de canaliser et de formaliser l’opinion générale qui converge vers la demande d’une concertation sincère au sein du MCDDI.
Elle repose sur les avis réunis des sympathisants, militants, membres actifs et inactifs, animateurs des organisations et des comités locaux du parti, du comité national, du bureau exécutif national, des auteurs d’articles de journaux en ce sens, des points de vue des anciens membres, des cadres sympathisants extérieurs au parti qui sont disponibles à le rejoindre.
B. LA VISION
Vers un parti national, ouvert, démocratique et fort.
C. L’OBJECTIF
1. Objectif à court terme : assurer un fonctionnement démocratique et concerté au parti.
L’ensemble des opinions justifie principalement la nécessité d’une concertation par le souci d’en finir avec une gestion du parti sans démocratie.
2. Objectif à moyen terme : faire du MCDDI le premier parti du Congo.
En accroissant le nombre de militants, l’espace d’influence, puis en proposant un projet alternatif de gouvernance auquel le peuple adhère et concourt.
3. Objectif à long terme : remporter les élections à venir.
Les deux premiers objectifs conduisant au troisième.
D. LE DIAGNOSTIC
Les forces du MCDDI :
La grande force du MCDDI c’est sa base, ses sympathisants et militants qui sont nombreux et qui ont foi. Cette foi tient en des idéaux qui sont éternels, à savoir : la justice, la démocratie, l’égalité, la solidarité, la conquête du pouvoir.
En outre, le MCDDI a une capacité de mobilisation à nul autre pareil dans le pays, car ses militants pour peu qu’ils croient au projet et qu’ils soient organisés, sont très agissants. Ils ne sont pas motivés par un gain immédiat et personnel mais plutôt par la cause commune. La base du parti a la volonté affirmée de jouer un rôle positif et constructif dans l’histoire, au nom de nos martyrs et des générations futures.
Les faiblesses du MCDDI :
Les militants, surtout les plus participatifs sont vieillissants. Les jeunes, n’étant pas du tout rattachés au passé historique du parti, se sentent moins concernés. Quant aux cadres, le parti ne leur offrant pas de perspectives suffisantes malgré l’alliance de gouvernement, se détournent du MCDDI.
Aussi, le parti s’est au fil du temps trop assimilé à une ethnie. Il n’a pas cherché à s’ouvrir, par des alliances actives ou des cooptations de nouvelles sensibilités. Le parti perd plus de membres qu’il n’enregistre de nouveaux. Par sa faible communication, l’organisation du parti est minimaliste, entretenant à peine une survie. Le parti ne fonctionne qu’en appareil et en réseaux à très courtes portées. Il subit la politique de ses alliés et ne s’en émancipe pas.
Les opportunités du MCDDI :
Le MCDDI a, plus que tout autre parti de notre pays, un grand potentiel d’extension. Il a la possibilité d’intégrer les centaines de milliers de jeunes, descendants des générations fondatrices. Il peut aussi regrouper tous ceux qui pensent qu’on peut mieux faire pour notre pays, dans la justice sociale et la démocratie.
Les élections devenues régulières et installées dans la mentalité congolaise offrent au MCDDI l’occasion de triompher par l’argument du nombre et des alliances afin de se porter aux postes de décisions et d’appliquer son projet.
Grace à l’alliance de gouvernement, le MCDDI peut participer plus profondément à la gestion du pays, améliorer le sort du peuple en appliquant sa politique, profiter pour imprimer l’image d’un parti qui pourrait résoudre plus de problèmes s’il détenait l’essentiel du pouvoir, obtenir des scrutins plus justes.
Les menaces au MCDDI :
Le risque de scission ou de transfert des militants vers d’autres mouvements existants ou à venir est très accru. Le manque de démarcation avec nos alliés peut conduire à une perte d’identité et des repères qui soudent la base.
L’absence de convergence entre les membres du parti à tous les niveaux sur les stratégies politiques et électorales et sur les hommes qui doivent les représenter menace la cohésion du parti et le succès aux prochains scrutins. Notamment les locales de 2013 qui sans redressement, verront s’affronter des dizaines de listes concurrentes, issues de la même famille.
Noyé dans l’alliance, le MCDDI est perçu comme comptable des errements du régime actuel et accusé d’avoir abandonné son idéal.
Tableau du Diagnostic
FORCES |
FAIBLESSES |
une base fanatique |
une base vieillissante |
un ancrage territorial affirmé |
l’enfermement par rapport au reste du pays |
une foi en des idéaux, une conscience d’être leader |
un leadership perçu comme vassalisé |
une grande capacité de mobilisation |
absence totale de démocratie => démotivation |
OPPORTUNITES |
MENACES |
grand potentiel à élargir la base et à rassembler. |
Risque de scission ou de transfert. |
capacité d’obtenir des élections prochaines plus crédibles |
Perte d’identité => perte de substance militante |
possibilité d’être le parti gouvernant |
Absence de convergence sur une stratégie électorale. |
L’alliance de gouvernement |
L’alliance de gouvernement |
Ce diagnostic appelle logiquement à apporter des réponses appropriées, par une concertation.
E. LES FORMES DE CONCERTATIONS STATUTAIRES
Le choix de la forme de concertation à adopter doit répondre aux objectifs retenues, à savoir, (1) la démocratie dans le parti, (2) susciter une large adhésion, (3) remporter les scrutins à venir.
I. Le congrès (art 29 et 30)
Le mot en lui-même apporte aux militants et à la nation un message de sincérité, d’unité et de renouveau. Il annonce la maturité du mouvement et sa volonté de démocratie et d’ouverture. Tout autre vocable sonnera comme un cafouillage de plus pour cette formation politique qui depuis plus de 20 ans n’arrive pas à organiser un congrès ordinaire.
Un comble pour le parti qui a apporté et réussi la conférence nationale, et qui s’est bâti sur le principe de l’exigence démocratique. Outre la légitimité nécessaire aux rapports entre les dirigeants et les militants, le congrès suscite une large adhésion et une grande participation par sa structuration en congrès locaux vers le congrès national. Il installe la dynamique des prochaines conquêtes.
Pour atteindre pleinement ces objectifs, le congrès doit être supporté financièrement et logistiquement par le parti et les militants afin de ne pas être à la merci d’intérêts personnels ou de forces étrangères au parti. Les militants du MCDDI sont capables d’un investissement incomparable pour peu que le projet soit partagé.
II. La convention (art 37)
Cette forme de concertation ne répond à aucun des objectifs identifiés. Elle n’apporte pas plus de démocratie parce qu’elle limite les participants aux seuls responsables et membres connus du président. Or un parti est fait de sympathisants qui attendent l’ouverture pour militer ; de militants qui revendiquent un droit légitime à la parole et à la reconnaissance ; et enfin, de responsables qui doivent rencontrer les opinions de la base pour identifier ensemble les idées et les hommes à promouvoir.
La convention peut au mieux permettre une mise au point tactique mineure ou une désignation en vase clos de nouveaux acteurs. Elle n’a aucun impact sur l’image démocratique nécessaire à la relance du parti et sur l’adhésion de nos bases à un projet collectif dans lequel elles se reconnaissent. Pour résumer, on ne peut pas faire au nom du peuple sans le peuple.
Enfin, la convention est une procédure d’urgence qui ne se justifie pas en ces temps apaisés. Choisir cette voie, c’est confirmer un parti impénétrable et recroquevillé sur lui-même.
Nota bene : Qu’Il s’agisse du congrès ou de la convention, les textes de notre parti ne font pas l’unanimité. La version de 2008, remaniée dans des conditions (hors congrès) non autorisées par le texte qu’elle abolissait, est responsable de la grande vague de démobilisation des militants du MCDDI.
Ces statuts nouveaux introduisent des instances concurrentielles telles que le conseil consultatif/BEN, la convention/congrès ou le coordonnateur/président, qui ne nous facilitent pas le fonctionnement et qui ont montré leurs limites. Une révision de nos textes s’avère indispensable. Et cela, seul un congrès peut le légitimer, quelle que soit la version du texte inspirée.
CONCLUSION
La présente analyse n’est pas imposée. Elle ouvre un débat, afin de permettre à d’autres visions, s’il y’en a, de se préparer et de rechercher ensemble une symbiose dans la fraternité.
Il serait de bon sens qu’une réunion du bureau exécutif national du MCDDI, se tienne dans les plus brefs délais afin de fixer par la voie de la majorité, les objectifs du parti et de définir à partir de ceux-ci, la forme de concertation la plus adaptée et la plus efficace pour répondre à la situation. Ce n’est qu’une fois que la forme de concertation sera approuvée, qu’une session extraordinaire du comité national convoquée à cet effet pourra se pencher sur les questions du calendrier, de logistique et du contenu de la concertation qui devra se tenir de préférence à Brazzaville, capitale politique de notre pays.
Tout cela est conforme aux statuts de notre parti.
Pour nous, auteurs réunis de la présente analyse, le congrès se justifie et s’impose pour répondre aux objectifs qui nous paraissent partagés par l’ensemble de ceux qui ont à cœur l’intérêt du parti. La promesse de tenir un congrès est un engagement pris par le Bureau exécutif national envers les militants et le peuple congolais, en sa réunion du 23 janvier 2010.
Fait à Brazzaville, le 31 octobre 2012
Signataires :
KIBOZI Joseph membre du BEN
LOCKO Namo Hyppolite membre du BEN
TOUMOU Nicolas membre du BEN
MAMBOU NGUYE membre du BEN
NKOUNKOU MAYOUYA Martin membre du BEN
AMPLIATIONS
Membres du BEN