Sortir de la Médiocrité au M.C.D.D.I.
Avec un travail médiocre fait par des médiocres, on peut avoir pour résultats que de la médiocrité.
Les leaders politiques congolais aiment-ils réellement leur pays ? Ont-ils conscience des mutations politiques, économiques et socio-culturelles qui s’opèrent sur le plan international ? Font-ils la politique pour se servir ou servir l’intérêt général ? Ce questionnement fonde aussi la problématique du M.C.D.D.I. qui est potentiellement le plus grand parti politique du Congo Brazzaville en nombre de militants et de sympathisants.
Le M.C.D.D.I. doit incarner la démocratie et la justice dans notre pays, plus que tout autre parti. Ces valeurs dont nous devons être les champions incontestés doivent nous obséder, car nous devons être leur rempart indestructible, leur modèle incorruptible.
Divers dans ses opinions et ses croyances, multiples dans ses inspirations politiques et idéologiques, mais unifiés dans ses revendications de libertés publiques et individuelles, le Mouvement Congolais pour la Démocratie et le Développement Intégral devra proclamer les vertus de la démocratie pluraliste et réclamer l’instauration du vrai multipartisme au Congo Brazzaville comme le stipule ses statuts de 1989 et ceux remanié de 2008.
Nul ne peut se déclarer du M.C.D.D.I. si dans sa parole, ses actes et ses engagements ne se situent pas du côté irréprochable du Droit, du peuple et des libertés sociales et politiques.
La compromission n’est pas le compromis même si la politique est d’abord et avant tout l’art du compromis, dans le M.C.D.D.I. il n’y a pas de place possible pour le compromis avec l’injustice, l’autoritarisme, la corruption, les abus de biens sociaux, les violations règlementaires, l’absence de transparence. Le M.C.D.D.I. est un parti qui prône la tolérance, mais ne tolérera jamais la médiocrité.
Pour refaire le parti, nous avons besoin avant tout d’un CONGRÈS Démocratique, avec les délégués venant de toutes les sections du parti, et ouvert à tous ceux qui se déclarent du M.C.D.D.I., tous ceux qui l’ont quitté ou par nos attitudes les avons exclus. Qu’il n’y est pas d’autres préalables que la Démocratie, la liberté de parole et de proposition.
Le M.C.D.D.I. est un parti bien structuré, pourtant les statuts actuels qui n’imposent pas de délais d’organisation des élections internes, ni d’obligation de passer par les processus démocratiques pour occuper les bureaux du parti, ou représenté le parti dans une alliance ou un gouvernement, ou encore se porter candidat au nom de celui-ci, ni ne fixe de limitation de mandat en laissant cautionner les mandats impératifs, se déclarent de facto contraires à la démocratie et donc contraire au M.C.D.D.I.
Les dérives de commandements graves qui ont découlé de ces statuts remaniés en 2008 à l’insu du Président fondateur (malade depuis 2003) ne sont que l’inévitable conséquence d’un laissé allé et de la lâcheté des membres du Comité National seuls habilités à piloté le Parti.
La politique n’est pas la quête des postes, ni le soutien aveugle d’un leader éclairé. La politique n’est pas l’espérance en une vie meilleure, ni un simple resserrement de liens. Elle est la capacité de construire un projet ensemble en ayant les outils pour ce faire.
Nous devons prendre le contre-pied de ce qu’a été notre parti durant ces dernières années, conduit par l’obscurantisme, l’intellophobie, la confiscation du mouvement par des dirigeants autoproclamés dépourvu de toute formation politique, qui se sont vite révélés sans projet, sans talents, sans équipes techniques, sans vision. C’est ce que nous ne devons plus faire.
Le M.C.D.D.I. doit se doter d’une administration efficace et impartiale, composée d’un minimum de salariés (cadres, secrétaires, et manoeuvres) recrutés dans la transparence et le respect de la concurrence. Ils organiseront la comptabilité, géreront les bénévoles et l’administration quotidienne.
Le M.C.D.D.I. doit avoir un siège digne de ce nom, indépendant et impersonnel, qui assurera l’administration, le lieu de formation et des réunions du parti. Il abritera une bibliothèque, des archives et une médiathèque. Lieu de rencontre démocratique par excellence, il sera aussi le lieu d’échanges entre les cadres et les militants du parti. Le lieu de construction des projets du parti.
Notre parti doit rompre avec le tribalisme et s’ouvrir à l’ensemble des sensibilités du pays. Son fonctionnement démocratique sera un gage de reconnaissance afin tous les citoyens du Congo Brazzaville s’associent à nous.
Le M.C.D.D.I. ne doit pas hésiter à exclure ou à prononcer des suspensions temporaires pouvant aller jusqu’à plusieurs années, des membres dont le comportement serait radicalement opposé.
Il n’est point de doute que les plus irrattrapables créeront des petits partis pour continuer à faire illusion et profiter d’alliance de corrompu. Cela ne doit pas faire peur mais au contraire, nous donner la preuve d’avoir démasqué des éléments nuisibles.
Autant, nous ne devons ni empêcher, ni obstruer que la justice impartiale frappe certains membres de notre parti, ni négocier pour eux des amnisties taillées sur mesure. Il n’y a pas de démocratie sans justice, ni d’état de droit avec la mise en placard régulier du droit. Jamais nous ne pourrions tolérer le tribalisme, si nous n’admettons pas que le mal est aussi dans nos rangs, et pas uniquement dans celui des autres. Notre combat est que la justice soit impartiale, la même pour tous.
Normalement, la loi protège le fonctionnement des associations qui se doivent de respecter leurs statuts et leurs règlements intérieurs. N’eût été l’aide à bafouer le droit, dont bénéficie les traitres alliés au régime, les plaintes pour non respect des statuts pourraient aboutir.
Le parti de Total est bien vivant. Désorganisé, peut-être. Muselé, sans doute. Pourtant ses sympathisants, ses membres, ses militants et ses cadres sont bien là, très nombreux, et continuent majoritairement à se réclamer du M.C.D.D.I.
Si Denis SASSOU NGUESSO a bel et bien arrimé le M.C.D.D.I. à la majorité présidentielle, et au PCT, l’ensemble des militants et sympathisants du M.C.D.D.I. se considèrent totalement à l’opposition. Jusqu’aux élus du parti qui par souci d’unité ou opportunisme ne disent rien, mais en privé affirment être à l’opposition et jurent leur incapacité à prononcer la phrase "Sassou oyé".
Que Se Passe-t-il au M.C.D.D.I. ?
Pour comprendre, il faut saisir l’histoire du M.C.D.D.I. Et donc, l’histoire des mouvements des droits civiques, sociaux et politiques au Congo Brazzaville.
En 1896 Mabiala mâ Nganga, un homme d’ethnie hangala, est assassiné. Ce féticheur (Mabiala le Nganga), éleveur – comme tous les habitants de Mindouli – était entré en rébellion contre le colon à cause des excès provoqués par la route des caravanes partant de Loango vers Brazzaville. Les caravaniers blancs ne s’interdisaient pas en effet de piller les champs et le bétail sur leur passage afin de nourrir leurs porteurs.
Le courage de ce militant et son combat pour le respect et la justice, incitèrent d’autres mouvements de résistance, comme celui de Bouéta Mbongo (Mimpanzou de son vrai nom, considéré comme le véritable fondateur du groupe lari) assassiné près de la Loufoulakari en 1898, ou encore celui en pays bembé qui dura jusqu’en 1926.
Cette année-là, André Grenard MATSOUA fonda à Paris l’Amicale des ressortissants du Moyen Congo, afin de défendre nos droits sociaux et politiques. Immédiatement il capitalisa toute l’énergie créée autour de Mabiala mâ Nganga et récupérera tous les militants qui avaient combattu avec lui, ainsi que les jeunes bercés par les récits héroïques et désormais de plus en plus scolarisés.
Les valeurs incarnées par André Grenard MATSOUA étaient la justice sociale et surtout le développement intégral. "Il suffit d’être formé, honnête et travailleur, on va cultiver du café et l’exporter chez les blancs, avec l’argent on aura des hôpitaux, des écoles. Je vais construire des maisons à 3 étages au moyen Congo. Vous verrez, on fera de grandes choses pour tout le monde" disait-il.
Si après la mort de André Grenard MATSOUA en 1942 l’aile la plus inculte développa un mouvement messianique (en réalité ce sont des ngunza qui se drapèrent de l’aura de MATSOUA), les membres les plus cartésiens continueront le combat.
Il s’agit de BALOU Constant, TCHICAYA Lucien, Mathieu REBOUKA, Pierre GOMEZ, Charles LOEMBE, François EVONDZOLO, Jean-Marie OKO-DIMI, Louis de GONZAGUE, Joseph Benoît LOEMBA, Jean NZOTA, Tenard KYELLE, (héritier du roi Makoko), TCHIBINDA l’imprimeur, Dominique CAZANGANY, MODI Kamara, Joseph NZONZO, Maxime DECHAMBO, Jacques BERMONT, Matchoumoun, etc.
C’est cette base d’essence nationale voire panafricaine (il y a nombre de tchadiens, gabonais, soudanais et centrafricains sur les listes) que l’abbé Fulbert YOULOU va regrouper au sein de l’Union Démocratique pour la Défense des Intérêts Africains (U.D.D.I.A.), mouvement d’essence panafricaine.
Fulbert YOULOU renversé en 1963, les communistes qui lui succéderont apporteront d’autres idéologies, sans jamais réussir à étouffer le développement intégral auquel des militants de plus en plus nombreux adhèrent.
Quand arrive la démocratie c’est Bernard KOLELAS BAKANA, un ancien militant UDDIA, et surtout Jospeh YANGUISSA l’idéologue du développement intégral dans les temps modernes qui réunit les tenants de cette idéologie (Makouta Mboukou, Lethembet Ambili, Sita dia Tsiolo) et leurs enfants qui, par éducation, ont été élevé à ces valeurs chères à André Grenard MATSOUA.
Ainsi est né le M.C.D.D.I. On le voit, Bernard KOLELAS BAKANA est loin d’être propriétaire des valeurs de son parti. Ce n’est pas son charisme qui a fondé le M.C.D.D.I. C’est une énergie que le regretté Sony LABOU TANSI a appelé le "mpévé démocratique et progressiste", qui fut insufflé par Mabiala mâ Nganga, qui a survécu avec André Grenard MATSOUA, et qui continue avec Bernard KOLELAS BAKANA.
Le M.C.D.D.I. fut le parti le moins démocratique qui ait jamais existé au Congo Brazzaville. Surtout après le décès de Sony LABOU TANSI, Bernard KOLELAS BAKANA en a fait son affaire personnelle. Pour récupérer l’aile "ngunza" jadis exclue par Fulbert YOULOU, il a plongé dans le messianisme…
Et par peur de André MILONGO NTSATOUABANTOU, aussi bien que pour jouer un jeu à la mode au début des années 90, la fabrication d’une assise ethnique, il a enfermé le mouvement de Mabiala mâ Nganga et de André Grenard MATSOUA dans un environnement essentiellement pooliste, ce qui idéologiquement est une véritable trahison.
Pire, Bernard KOLELAS BAKANA a empêché l’émergence des cadres et de la démocratie dans le parti, pour ne pas être contesté. Ainsi, le parti fonctionnait avec un leader à la tête, une deuxième place vide, et tout le monde au même rang en bas. Les Bureaux Exécutifs Nationaux (BEN, équivalent du bureau politique) ou les Conseils Nationaux (équivalent au Comité central) n’ont été nommés que par Bernard KOLELAS et n’ont jamais été confirmés par un CONGRÈS que des voix réclamaient déjà dès 1995.
L’élection des présidents du M. C.D.D.I.-France par exemple, se déroulait dans un salon parisien, ou chez un copain des enfants Kolélas (oui, déjà !), voire un cousin, ou un voisin à eux convoquait son entourage immédiat et autres amis du quartier d’origine à Brazzaville, pour se faire adouber. Et Bernard KOLELAS confirmait le tout à Brazzaville.
Les personnalités du parti étaient introduites au parti par des voies non politiques et non par militantisme. Jean-Blaise KOLOLO par exemple fut introduit auprès du "Vieux" par son père qui avait autrefois connu Bernard KOLELAS.
Claude Alphonse NSILOU distribuait tous les biens qu’il pouvait pour soutenir le train de vie de la famille Kolélas. Même les enfants Kolélas roulaient dans les voitures de ce dernier. Et le voilà au BEN. Il en sortira lorsque son nom ne fut pas retenu comme ministre dans le gouvernement de Charles David GANAO dans lequel participaient trois membres du M.C.D.D.I.
Tant que le président du parti restait indépendant du pouvoir en place (d’abord de Denis SASSOU NGUESSO, puis de Pascal LISSOUBA), et refusait de collaborer avec ceux que la masse M.C.D.D.I. jugeait comme des ennemis de la démocratie, l’autocratie du vieux ne posait aucun problème aux militants puisqu’elle servait leur dessein. Le soutien et l’union étaient sans faille alors, malgré les critiques des intellectuels dans les causeries privées.
La première grosse bourde de Bernard KOLELAS fut d’avoir choisi le camp de Pascal LISSOUBA plutôt que celui de Denis SASSOU NGUESSO après le 5 juin 1997. Le M.C.D.D.I. dans son ensemble, aussi curieux que cela puisse paraître, s’est toujours considéré plus proche du PCT que de l’U.PA.D.S. durant cette période 1992-1997.
L’opportunisme des laissés pour compte ne suffisait pas à expliquer ce rapprochement. Le PCT avait en effet adopté un discours et une attitude de démocrate qui avait séduit les militants du M.C.D.D.I. Hélas de son côté, Denis SASSOU NGUESSO n’a jamais cru en la sincérité populaire de cette alliance qu’il croyait être de circonstance, parce que convaincu que les Laris n’aiment pas les Mbochis et qu’il en restera toujours ainsi. Il a eu tort.
D’ailleurs, malgré l’argent et le pouvoir que détenait l’U.PA.D.S. et qui attirait bien des courtisans, on ne compta pratiquement pas de Laris membres de l’U.PA.D.S. Puis la guerre gratuite livrée en pleine ville par les troupes de "Sir Jordonne" (surnom donné à l’époque à Pascal LISSOUBA pour avoir ordonné le bombardement de Bacongo – soufflage disait-il), n’arrangea rien. Encore moins la kleptomanie affichée par la mouvance, laquelle était éloignée des bases idéologiques du M.C.D.D.I.
De ce point de vue un Denis SASSOU NGUESSO à l’opposition défendant la démocratie et critiquant les excès du pouvoir en place apparaissait plus proche de cette base du M.C.D.D.I. et de sa culture de résistance née de Mabiala mâ Nganga.
Une culture sur laquelle il faudrait d’ailleurs philosopher car elle fait de ses adeptes, des personnes incapables de s’accommoder du pouvoir. Et c’est cette éducation vraiment profonde (quasiment génétique) dans le Pool qui a causé la chute de Fulbert YOULOU, Alphonse MASSAMBA-Débat, André MILONGO NTSATOUABANTOU. Ce dernier avait pourtant été soutenu pour la candidature à la primature mais dès qu’il s’installa au pouvoir il fut lâché.
Bernard KOLELAS BAKANA devenu Premier ministre de Pascal LISSOUBA le 1er septembre 1997, avait donc de ce fait acheté son impopularité auprès de son propre électorat qui certes s’accommode mal du pouvoir quand celui-ci est irréprochable, mais se déchaîne quand il s’agit de soutenir l’insoutenable. C’est ainsi que Bernard KOLELAS BAKANA fut chassé sans résistance par ses partisans, et avec la complicité active de certains de ses propres miliciens, dont Willy MATSANGA, sous les applaudissements du peuple de Bacongo.
Durant l’exil, le MCDDI ne s’est pas amélioré. Pendant que Michel MAMPOUYA, qui prétendait prendre la relève à Brazzaville s’encanaillait avec Denis SASSOU NGUESSO, Bernard KOLELAS fondait l’ERDDUN avec les Lissoubistes, s’enfonçant encore plus dans l’erreur tactique. Résultat : le M.C.D.D.I. se démobilisa, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Curieusement les cadres du M.C.D.D.I. ne se connaissent pas, n’ont jamais véritablement travaillé ensemble, ni discuté en réunion nulle part. Sauf en petits cercles d’amis qui se connaissaient déjà avant de militer dans le même parti. Le rapport de chacun au parti, a été le lien direct avec le président Bernard KOLELAS, pour ceux qui l’avaient.
En exil, c’était pire ; aucune initiative de regroupement, d’entretien de la flamme n’a été mise en place. De fait Bernard KOLELAS redoutait qu’un nouveau leader plus libre de ses mouvements que lui, ne lui rafle sa place. Il a donc attendu de longues années pour enfin désigner Jacques MAHOUKA, ancien député de Kindamba, choisi justement pour son manque de charisme…
Si à la "faveur" du décès de mâ ngoudi, épouse du leader charismatique du M.C.C.D.I., ce dernier est autorisé à rentrer au pays, c’est parce que Denis SASSOU NGUESSO sait que le vieux est définitivement hors jeu.
En effet, depuis l’année 2003, la santé mentale de Bernard KOLELAS BAKANA est déclinante. La maladie d'Alzheimer. Une maladie neuro-dégénérative (perte progressive de neurones) incurable du tissu cérébral qui entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mentales et notamment de la mémoire.
Le secret avait été bien gardé. Mais en le faisant rencontrer à Paris par ses hommes (Henri Lopès notamment), Denis SASSOU NGUESSO eût la confirmation que Bernard KOLELAS BAKANA n’existait plus que de nom, et qu’il était incapable de mener une action politique.
Sans ossature politique et stratégique autour de Bernard KOLELAS qui a brillé par un intellophobie extraordinaire, c’est Hellot Matson MAMPOUYA, un ami de ses enfants qui l’avait suivi en exil à Abidjan puis à Bamako, qui faisait office de chargé de mission, accompagné par Prosper DIATOULOU (son "boy" dit-on, bombardé "directeur de cabinet").
Or Hellot Matson MAMPOUYA a toujours été soupçonné d’être celui qui trahissait le vieux à chaque fois qu’il tentait de rentrer au Congo Brazzaville. Mais plus grave, la famille l’accusa d’avoir tenté d’empoisonner Bernard KOLELAS sur ordre de Mpila. Il fut pour ce motif renvoyé de Bamako, trouvant refuge en Afrique du sud. Il n’est revenu en odeur de sainteté que lors de l’évacuation sanitaire de Mme Kolélas à Paris, imposé par le clan Sassou comme agent de liaison avec les Kolélas.
De retour à Brazzaville pour l’enterrement, le président de la République tint à voir immédiatement Bernard KOLELAS lui-même, avant quiconque pour s’assurer que le vieux guerrier était bel et bien en fin de course. Bernard KOLELAS fut conduit à Mpila avec sa famille avec interdiction d’être suivi par n’importe quelle personne politique de sa délégation.
En quelques minutes Denis SASSOU NGUESSO qui le reçut avec un médecin, pu constater par lui-même les trous de mémoire, les absences, les incohérences verbales et autres faits assez visibles de la mauvaise santé du vieux. C’est à partir de là qu’il put négocier avec Hellot Matson MAMPOUYA et Guy Brice Parfait KOLELAS puis conçut un plan destiné à utiliser l’épouvantail et l’image de Bernard KOLELAS pour entretenir une illusion, et anesthésier le M.C.D.D.I. et ses militants, au profit de son régime. C’est ce plan qui fonctionne jusqu’à ce jour.
Désormais, tout ce qui est signé Bernard KOLELAS, l’est en réalité par Guy Brice Parfait KOLELAS, et Hellot Matson MAMPOUYA cet ancien activiste de l’UJSC, redoutable informateur qui (selon nombreux de ses enseignants) depuis le lycée ne passait en classe supérieur que grâce au quota alloué à ce mouvement d’espionnage et de brimade du temps du monopartisme. Sont exclus de la haute table des décisions, Landry, Vital et autres fils de Kolélas, bien plus brillants.
Associés aux premiers, deux anciens caciques du PCT, Bernard TCHIBAMBELELA et Bernard Combo MATSIONA (décédé). Si le premier fut un militant réel après un bref passage au Comité Central du PCT, a connu la galère de l’exil puis a du se résigner à accepter la mangeoire, le second, Combo MATSIONA de son vivant, n’a jamais été pris au sérieux par personne. Son rôle d’agent de Denis SASSOU NGUESSO avait toujours été connu, et c’est à la solde du même qu’il avait été engagé dans cette entreprise de destruction du M.C.D.D.I.
Depuis, Bernard KOLELAS a été placé en quasi isolement. Il ne rencontre plus aucun homme politique. Caché pour éviter que la supercherie ne soit découverte.
C’est ainsi qu’un nouveau BEN et un nouveau CN verront le jour. D’inspiration 100% Hellot et Parfait (et validé par Mpila), il réunit l’essentiel de ce que compte comme adultes la famille Kolélas, agrémenté de quelques amis et "bénis oui oui". Bernard KOLELAS reste président du parti (même à titre posthume), DIATOULOU Prosper est bombardé numéro deux (autant dire une place vide), Hellot, Parfait et Landry font leur entrée au BEN.
La démocratie est bafouée. Le MCDDI se comporte désormais comme un parti dont la légitimité appartiendrait à titre personnel à monsieur Bernard KOLELAS et famille. Les méthodes ne tiennent compte d’aucun à priori démocratique, la promesse faite d’un congrès à six mois du retour du président est oubliée, la prise en charge de fait de la famille du président Bernard KOLELAS est un parjure à nos idéaux dont ils se moquent.
L’objectif à l’époque c’est de prendre quelques postes au gouvernement et d’être nommés pour se refaire une santé financière puis voir après. Il faut saluer le courage de certains anciens du M.C.D.D.I. tels que BADINGA Samuel qui avaient choisi de démissionner de ce BEN, immédiatement qu’il en ait été nommé, pour protester contre le manque de démocratie.
D’autres comme Jean-Claude MAYIMA-MBEMBA, sans démissionner, ont exprimé leur opposition à ces méthodes et aux alliances conclues. Il faut féliciter aussi les activistes qui n’ont jamais été appelés dans ces BEN et CN ou ont refusé immédiatement que la proposition leur en avait été faite : Anatole LIMBONGO, Hervé MAHICKA, Jean NKOUNKA, Mesmin BABINDAMANA, Prosper SAMBA et des tas d’autres cadres brillants et honnêtes qui ont refusé la perte de leurs valeurs en acceptant des adoubements anti-démocratiques pour cautionner des actes contre le peuple et contre le parti.
Mais, croyez-moi, ils sont rares à avoir agi de la sorte. Et pour certains, c’est pour ne pas avoir été servi (parce que Denis SASSOU NGUESSO a donné un nombre de ministères trop petit, sans doute), qu’ils ont choisi tard la route de l’opposition interne, devenant de plus en plus externe.
En cours de route, après l’alliance avec le PCT sans aucune concertation avec le BEN et le Comité National de figuration qu’ils avaient eux-mêmes nommés, les dissidences ont commencé à se faire plus vives. Très opportunément, est intervenu alors un nouveau BEN nettoyé, qui a notamment vu la création de deux postes de conseillers spéciaux du président, attribués à MAKOUTA-MBOUKOU (ancien député de l’U.D.D.I.A., donc légitime dans la poursuite du mouvement de 1896) et de Pierre MANTOT, officiellement président de l’Amicale de André Grenard MATSOUA, donc apportant une autre légitimité essentielle.
C’est le rang de "vice-président" qu’ils avaient voulus leur donner au départ. Guy Brice Parfait KOLELAS en avait rejeté l’offre, de peur que Bernard KOLELAS BAKANA ne décède et que les deux vieux ne revendiquent la place. Mais il fallait absolument les intégrer parce que depuis la signature de l’accord avec le PCT, Hellot Matson MAMPOUYA et Guy Brice Parfait KOLELAS constataient d’eux mêmes que la base les boudait totalement. Il fallait récupérer la légitimité qu’incarnaient ces deux vieux. Mais la lune de miel fut courte.
Les deux hommes s’aperçurent très vite que Bernard KOLELAS BAKANA, dont ils étaient les conseillers leur était interdit d’accès. En dehors du jour de leur nomination (qui se conclut par une grande fête de fusion entre l’Amicale et le M.C.D.D.I. au palais des congrès, puis dans un bar restaurant du centre-ville), ils n’avaient plus jamais rencontré Bernard KOLELAS BAKANA.
Aux élections législatives qui s’ensuivirent trois mois plus tard, les deux patrons du parti refusèrent de céder une circonscription à Pierre MANTOT, qui fut obligé de se présenter comme indépendant, et fut battu par un candidat officiel du M.C.D.D.I. positionné par Hellot Matson MAMPOUYA et Guy Brice Parfait KOLELAS.
Pierre MANTOT se retira du parti (du moins du bureau) et repris l’indépendance de l’Amicale. Tant pis, Hellot Matson MAMPOUYA et Guy Brice Parfait KOLELAS réorganisèrent une assemblée bizarre, confirmèrent la purge stalinienne aux instances dirigeantes des deux vieux conseillers spéciaux (et au passage certains de leur copains qui boudaient de plus en plus).
Comme il était devenu très difficile d’expliquer pourquoi Guy Brice Parfait KOLELAS parlait au nom du vieux qu’on ne voyait plus nulle part, Guy Brice Parfait KOLELAS s’était officiellement auto-nommé comme le coordonnateur du parti.
Son tabouret de ministre de la Pêche, c’était l’ultime humiliation du M.C.D.D.I. dont la politique a toujours été depuis 1990, de ne jamais accepter une deuxième place. Le M.C.D.D.I. sera premier au pouvoir, ou ex aequo, ou premier à l’opposition : même de cet orgueil qu’avait Bernard KOLELAS BAKANA, ils n’ont pas eu l’élégance de le préserver !
En 2009, face à la présidentielle, Bernard TCHIBAMBELELA avait tenté de dire à Mbanza Ndounga où il est député que "Sassou kua tu vota" (nous voterons Sassou), il avait failli être lynché. Il se serait rattrapé en disant que sa phrase était en français et qu’elle était mal comprise.
Il faut comprendre que ce respect existe, parce que les membres actifs savent que Bernard KOLELAS BAKANA n’est pour rien dans les orientations actuelles du parti. Le vieux avait même officiellement démissionné du parlement, laissant siéger à sa place sa suppléante de fille, Théodorine.
Des courants se développent au sein du parti pour ne pas laisser croire que celui-ci est emporté par le sassouisme. Timidement, parce que le pouvoir en place ne leur laisse aucun espace d’expression. On peut en recenser au moins quatre d’actifs, et tous sont résolument à l’opposition, ne laissant aucune chance quant à une acceptation de l’accord avec le PCT.
D’ailleurs depuis quelques mois, Guy Brice Parfait KOLELAS caresse lui aussi l’ambition de devenir Président de la République du Congo ; sa "certitude d’avoir un destin national" plus important que celui de son père a été renforcé dernièrement par ses féticheurs Pierre Mahoumi et Stone qui lui ont assuré qu’il gagnera les élections Présidentielles de 2016 si Denis SASSOU NGUESSO ne se représente pas ; à défaut il deviendrait son premier ministre dans un pays où la constitution ne prévoit pas ce poste.
Sa volonté d’organiser une convention qui l’adoubera comme président du M.C.D.D.I. plutôt qu’un Congrès Démocratique dans lequel les militants pourraient s’exprimer librement est le premier maillon de "sa médiocre stratégie" qui, pense-t-il, l’emmènera à la magistrature suprême.
Que dire, après l’expérience Sassou il est légitime que même les plus médiocres des congolais aient l’ambition de vouloir diriger le Congo Brazzaville. Pauvre Congo…