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BRAZZAVILLE : LE CAMP DES GÉNOCIDAIRES

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 Le Camp des Réfugiés Rwandais au Congo

IMG-20140111-00216C’est par le hasard d’une promenade banale sur la route de la nationale 2 que je suis tombé sur une curiosité qu’on appelle ici par "le camp des génocidaires". Des habitations construites avec des matériaux de récupération, nichées dans une petite forêt d’eucalyptus qui s’amenuise de jour en jour à cause des projets du gouvernement.

Ce "camp des génocidaires" qui va disparaître dans les prochains jours (le gouvernement a décidé d’y construire des logements sociaux) abrite des enfants, des femmes, des vieillards et des hommes pour la plupart traumatisés par le génocide rwandais.  C’était pour moi l’occasion de m’intéresser à ceux qui sont affublés de ce qualificatif infamant de génocidaire.

Arrivés en 1997 en République du Congo, après avoir échappé aux tueries en masse de 1996 commis par l’Armée Patriotique du Rwanda (APR), la milice privée de Paul Kagamé dans l'Est de la RDC qui fut leur première terre d'asile après le génocide de 1994, les réfugiés hutus rwandais se sont éparpillés sur toute l'étendue du territoire du Congo Brazzaville surtout dans la partie septentrionale du pays.

IMG-20140111-00232Aussitôt arrivés au Congo Brazzaville, les réfugiés rwandais avaient été accueillis par les ONG pour une prise en charge humanitaire à travers la distribution des vivres, la prise en charge des soins de santé etc. Malheureusement cette aide n'a pas duré et a été vite interrompue pour des raisons de géopolitique conduisant ainsi beaucoup de ces réfugiés à s'intégrer localement pour leur survie.

La raison qui a occasionné l'arrêt de cette aide humanitaire est celle de présenter ces réfugiés comme des génocidaires, argument défendu par les lobbies rwandais très influent dans les ONG internationaux. Les nombreuses fondations et associations locales ainsi que généreux donateurs congolais ne s’intéressent pas aux réfugiés rwandais parce qu’ils ne sont pas politiquement rentable.

Le premier groupe à se lancer dans ce processus d'intégration locale, fût les réfugiés installés dans les zones rurales en travaillant dans les plantations des autochtones contre de l'argent ou de l'acquisition de terre aux termes d'un accord entre l'employeur (congolais) et l'employé (rwandais). Le deuxième groupe est composé des réfugiés installés en zone urbaine notamment ceux du camp de Kintélé qui pour la plupart d’entre eux ont quitté le camp pour aller soit s'établir à Brazzaville en ouvrant de petits commerces soit en s'intégrant dans les villages à l'instar de l'expérience de leurs compatriotes qui les ont précédées. Beaucoup de réfugiés se sont très bien intégrés dans la société congolaise, certains ont même réussis dans les affaires.

Les 600 personnes qui habitent le camp de Kintélé n’ont pas pu s’intégrer dans la société congolaise à cause des nombreux traumatismes non soignés qu’ils trainent depuis des années. En effet, beaucoup de réfugiés sont malades. Vulnérables, orphelins, enfants on encore trop âgées et, ils préfèrent faire face à la misère. Diabolisés d'être génocidaires, ces refugiés du camp de Kintélé manquent de tout et sont abandonnés par le HCR qui est censé les assister.

IMG-20140111-00225Dès qu’on rentre dans le camp, on est surpris par la propreté et la discipline qui contraste avec la saleté et le désordre de Brazzaville. Le camp est organisé à l'image d'une entité administrative en tête de file un représentant et ses collaborateurs qui sont leurs interlocuteurs immédiats vis à vis de l'Etat congolais qui jusque là ne ménage aucun effort pour qu'ils vivent en sécurité.

Dans ce camp, on trouve une école primaire construite essentiellement avec les bâches du HCR qui non seulement scolarise les enfants des réfugiés mais aussi ceux des congolais habitants les environs. Chaque enfant doit payer les frais scolaires mensuels qui s'élèvent à 2000 CFA. Malgré la modicité des frais de scolarisation, nombreux sont les enfants qui sont obligés soit de couper le bois et faire du charbon afin de payer leur scolarité soit d'abandonner l’école faute de moyens financiers.

Autre fait assez sidérant, c'est le nombre important des personnes souffrant de traumatisme au point qu'on compte plus de 40 cas graves de personnes devenues complétement folles. Si l'on y prend garde, la moitié de ce camp sera composée des femmes et des hommes usés psychologiquement d'où le risque de voir tous ces enfants dans la rue faute d'autorité et d'encadrement parental.

IMG-20140111-00230Un plan de retour volontaire avait été lancé l’année dernière mais aucun réfugié ne manifeste la volonté de rentrer au Rwanda malgré cette misère qui saute aux yeux dès l'arrivé dans ce camp. Chacun a ses raisons qui l'empêchent de rentrer, mais il faut avouer que les propos des dirigeants rwandais à la suite de l’assassinat de Patrick Karegeya ont encore semé la panique dans leur milieu déjà diabolisé par le régime actuel au Rwanda.


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