Ange Marie MALANDA, Economiste,
Juriste au Club Prospectives et Alternatives (CPA).
Le Congo dit Brazzaville est en mesure de maîtriser son destin, dans la mesure où nous pourrions nous appuyer sur un Etat capable de propulser la gestion du développement
économique et social pour le bonheur de toutes les filles et tous les fils de notre beau et cher pays. Cela suppose que nous puissions mettre sur pied un Etat impartial, démocratique et
soucieux de protéger notre souveraineté en assumant pleinement les fonctions régaliennes qui lui sont dévolues, avec à sa disposition une administration efficace. A ce niveau nous nous
engageons à analyser le rôle que jouerait l’Etat dans la transformation structurelle de notre patrie.
Ayant observé les dégâts causés par le désengagement de l’Etat pendant les programmes d’ajustement structurels renforcés, nous pensons sincèrement que notre pays doit se tourné vers un libéralisme régulé susceptible de corriger les excès du marché et à même de favoriser le protectionnisme économique.
Donc, nous sommes partisans d’un Etat stratège qui sache s’appuyer sur une administration efficace, renforcé par le protectionnisme économique. Ici nous définissons le rôle de l’Etat tel qu’il puisse édicter les principes d’une gestion rigoureuse des finances publiques, un cadrage ciblé des dépenses publiques, avec un dirigisme modéré et un protectionnisme régulé adapté à la mondialisation. Notre pays pourrait expérimenter le modèle du libéralisme régulé.
Par ailleurs nous chercherions un juste équilibre entre d’une part le rôle de l’Etat et le protectionnisme, et d’autre part le libre échange, et la reconnaissance des règles du marché de concurrence pure et parfaite. N’oublions pas que, c’est l’économie qui conduit désormais ce monde. Ainsi la puissance publique doit disposer des moyens qui permettent d’assumer ses fonctions régaliennes, tout en assumant le choix des investissements stratégiques et tout en décidant des orientations économiques, que pourront saisir les agents économiques.
Si nous parvenons à prêter des montants excessifs aux pays amis, pendant que le peuple Congolais ploie dans la misère, c’est que nous avons les moyens qui permettent à l’Etat stratège d’être dynamique, puissant et compétent dans les sphères économiques, sociales et géostratégiques. Probablement avec le sérieux budgétaire et un minimum d’ambition, nous pourrons aussi comme les pays émergents influer sur la gouvernance économique et financière sous régionale, régionale et internationale.
Jusqu’ici nous avons comme impression, que la gestion des finances publiques brille par la prédation, la corruption et la prévarication des ressources du pays. Cela malgré la construction des édifices publics, des forums qui ne rapportent rien, et l’octroi des prêts aux Etats amis, dont le trésor ne dispose pas les chiffres réels.
Ce qui importe maintenant, c’est de créer les conditions pour passer d’un Etat prédateur à l’Etat stratège capable d’agir dans différents domaines de manière ciblé et cohérente pour conduire le Congo dit Brazzaville dans le peloton de tête dans la sous région CEEAC. Cet Etat s’engagerait à agir dans les domaines ci après :
Approfondissement et Consolidation de l’Etat de droit, capable de protéger les plus démunis et garantir l’indépendance de la justice comme pouvoir à part entière ne dépendant pas de l’exécutif ;
Améliorer le climat des affaires par un cadre législatif et environnemental favorable aux investissements du secteur privé tant national qu’étranger susceptible de rendre l’économie populaire formelle et dynamique ;
Transformer l’administration bureaucratique, lourde et lente en administration souple, transparente et surtout efficace ;
Reformer les grandes entreprises publiques dans la mauvaise gouvernance en les rendant plus performantes sur leurs prestations (Société Nationale de Distribution d’eau, et la Société Nationale d’Energie…) ;
Valoriser les productions nationales, industrielles, agricoles, forestières, piscicoles et minières ; de manière à créer les emplois pour notre jeunesse et nourrir nos populations ;
Développer l’économie populaire
Reprendre en main et apporter des corrections au système éducatif, pour que celui-ci répondent aux besoins économiques du pays et favorise l’épanouissement des filles et fils du pays pour qu’ils s’insèrent facilement dans l’appareil productif ;
Consolider, approfondir et élargir l’espace démocratique en la rendant irréversible, et en promouvant les libertés publiques (presse, expression et réunion…) ;
Elever grâce à la formation continue le niveau de compétences de l’administration, de manière à ce qu’elle se passe de l’expertise étrangère ;
Lutter contre les gaspillages, les dépenses somptuaires qui n’ont aucun impact sur la production nationale et la corruption ;
Relancer l’intégration régionale en favorisant l’industrialisation tout en misant sur les économies d’échelles.
Il nous incombe de trouver le juste équilibre entre un capitalisme d’Etat, la promotion du secteur privé national, la planification et la régulation des investissements étrangers directs dans la nouvelle donne.
Dans tous les cas, l’Etat a pour but de réguler l’économie pour le bien être des filles et fils de notre pays. Ce qui est vrai l’Etat constitue la meilleure protection sans parler de protectionnisme ou de fermeture de frontière en cette période de concurrence exacerbée et de mondialisation pour soutenir une industrie et des entreprises naissantes, l’exploitation des ressources naturelles et la concrétisation attendu par les populations rendent nécessaires l’intervention de l’Etat stratège en République du Congo Brazzaville.
Selon un document de synthèse publié par la Commission Economique de l’Afrique auprès des Nations Unies (C.E.A.), intitulé Gérer le développement de l’Afrique : le rôle de l’Etat dans la transformation économique, on souligne que : « l’Etat doit rester un acteur essentiel du dynamisme économique ».
Depuis 2012, en France, il a été créé un Ministère de l’égalité territoriale, ceci dit que l’intervention de l’Etat est fondamentale pour assurer, au Congo Brazzaville l’égalité des territoires, grâce à une politique volontariste de décentralisation dotée nos collectivités territoriales des infrastructures de bases, et susciter un développement local à même d’impacter positivement la qualité de vie dans l’hinterland.
Dans certains coins où il existe des tensions ethniques, l’Etat est le seul et unique garant de la cohésion nationale. Les deux problèmes que notre pays doit confronter et que l’Etat peut résoudre par l’action des pouvoirs publics sont la répartition équitable du revenu national au profit de tous les Congolais et la réconciliation nationale. Notre patrie peut et doit sortir de la malédiction de l’inégalité territoriale, de celle de conflits ethniques et des affrontements post électoraux.
Nous sommes convaincus qu’en s’appuyant sur un Etat fort, au sens démocratique du terme ; qui lui-même est stratège, impartial, démocratique et promouvant les libertés publiques, se forgerait un fort sentiment d’appartenance nationale. Force est de constater que nous aurons besoin, au lendemain de 2016, de corriger, d’approfondir et de consolider les bases de l’Etat stratège.
Ayant observé l’histoire récente des grands pays capitaliste, nous avons remarqué que la croissance provient de l’intervention intelligible de l’Etat dans les sphères économique, sociale et géostratégique. Il incombe donc à l’Etat d’édicter les grandes orientations économiques, qui puisse nous permettre d’engager nos pays dans un procès qui consiste à nous réapproprier notre devenir, nos ressources naturelles et nos espaces de libertés.