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UN DRÔLE DE PAYS : 9. Le Chaos Alimentaire

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cultivateurL'homme pense à son environnement depuis la nuit des temps, comme en témoignent les fresques préhistoriques ; sur ces fresques l’agriculture occupe une place centrale. Aujourd’hui encore, l’agriculture est essentielle au développement d’un pays, aucun pays au monde ne s'est développé sans avoir d'abord développé son agriculture qui induit l’approvisionnement de l’industrie en matière première.

L'agriculture est née avec la mise en terre des premières semences et de la domestication des animaux par l’homme, lors de la révolution néolithique, il y a plus de dix mille ans. Cela a débuté par une agriculture de subsistance puis, peu à peu, s'est créée une agriculture de production et de négoce.

Aujourd’hui, l'organisation des marchés, la démographie galopante, les techniques, le savoir faire et l’application de hautes technologies sont à la disposition de l'agriculteur pour obtenir des niveaux de production jamais atteints dans l'histoire de l’Homme. Point n’est besoin d’être intelligent ou de réinventer le tracteur, il suffit d’utiliser les techniques existantes qui fonctionnent si bien ailleurs pour nourrir les populations même dans les zones arides.

On peut sans se tromper affirmer avec force que l’agriculture a RÉVOLUTIONNÉ la vie sur terre car le développement de l'agriculture et de l'élevage ne sont pas sans rapport avec l'émergence de certaines sciences, le calcul et l'astronomie en particulier. Il faut par exemple compter les animaux, mesurer les quantités de grains, ce qui implique un certain art mathématique, et aussi se préoccuper de l'ordre des saisons pour les semailles et les récoltes ; ainsi, la naissance de l’astronomie n'est peut-être pas étrangère à ces impératifs.

Au Congo Brazzaville, l’agriculture est le parent pauvre des investissements à tel point que l’alimentation y est devenu très pauvre, la nourriture au Congo est constitué essentiellement des produits provenant de la pêche, de la chasse et de la cueillette comme à l’époque de l’homme de Neandertal. Au gré des saisons, il peut y avoir abondance ou pénurie de tels au tels autres produits. Dans les restaurants huppés ou dans les lupanars sans hygiène des quartiers reculés de Brazzaville, on trouve quasiment le même menu agrémenté de quelques spécialités étrangères. Au centre-ville de Brazzaville il est quasiment impossible de trouver un restaurant qui vous sert des mets locaux. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

En effet, préalable à tout développement, la révolution agraire tarde à venir au Congo Brazzaville. L’une des rares usines de production qui transforme les produits agricoles au Congo Brazzaville se nomme SARIS-Congo.

La société SARIS-Congo a été créée en 1991, après la privatisation de la SIAN dont la première campagne sucrière date de 1966. La SARIS Congo est propriétaire d’une concession de 19 794 ha sur laquelle sont plantés 12 000 ha de cannes à sucre.

SARIS-Congo produit du sucre à partir de la canne à sucre, on pourrait penser que le sucre est abondant et bon marché au Congo, eh bien non, c’est tout le contraire. La production de l’usine SARIS-CONGO est essentiellement destinée à l’exportation résultat, les congolais consomment les résidus de sucre moins onéreux importé de la RDC ou d’autres pays (le sucre roux). Je vous le dis, ce pays est bizarre.  

La première pierre pour la construction de la Congolaises des Raffinerie avait été posée par le Président Marien NGOUABI le 07 juillet 1972. La raffinerie avait été inaugurée 11 décembre 1982 et la mise en production avait débuté le 26 août 1982.

Depuis, la production de la congolaise des raffineries (CORAF), la seule raffinerie du Congo Brazzaville ne répond plus aux besoins locaux ; le Congo Brazzaville pourtant quatrième producteur de pétrole sur le continent à fait le choix délibéré de vendre son brut sur les marchés internationaux au détriment de la satisfaction des besoins locaux en produits pétroliers.

Résultat, pour pallier aux pénuries chroniques des produits pétroliers, le Congo Brazzaville importe de l’essence de la RDC (qui n’a pourtant pas de pétrole) ainsi que d’autres pays africains qui à défaut d’avoir du pétrole ont des raffineries qui fonctionnent.

Il en ait de même de l’électricité que le Congo Brazzaville continue d’importer de la RDC depuis plusieurs décennies. Le barrage d’Imboulou récemment inauguré a ses turbines régulièrement en panne quand ils ne sont pas ensablés.

Le poisson, très consommé par les congolais faute de viande (trop onéreux) arrive de la Norvège et depuis peu d’Asie alors que dans les cours d’eau qui sillonnent le pays le poisson meurt de vieillesse comme disait l’autre.

Les villages agricoles (une curiosité locale mise en place par le gouvernement) dont le premier objectif était de fabriquer du poulet de chair pour nourrir les congolais ne répond pas à la demande, le poulet importé d’Europe et des pays lointains est désormais le deuxième aliment des congolais après le poisson. Le poulet est vendu au détail pour coller au pouvoir d’achat (1000 CFA la cuisse de poulet).

Les rares congolais qui se battent pour investir dans l’agriculture ne sont pas aidés alors que chacun sait que tous les pays du monde subventionnent leur agriculture pour atteindre des rendements acceptables.

J’ai personnellement visité une ferme d’élevage à Ngamakosso dans un quartier de Brazzaville, en dépit du prix élevé des aliments importés pour bétails je peux affirmer qu’il y a des congolais qui se battent et qui ont la ferme détermination de nourrir les congolais, malheureusement ils ne sont ni aidés et encore moins subventionnés. Pour l’élevage par exemple, l’importation des aliments pour bétails (maïs, blé, sorgho ect…) fragilise les éleveurs locaux du fait qu’ils sont soumis au prix des cours mondiaux.

La disponibilité et la fertilité des terres au Congo Brazzaville ne sont plus à démontrer, chacun sait qu’on peut faire germer n’importe quelle graine sans engrain au Congo et pourtant presque tout est importé des pays lointains ou des pays limitrophes qui ont le même climat.

C’est vraiment désespérant de constater que le foufou, aliment de base des congolais nous vient du Rwanda voisin, le safou du Cameroun, l’oignon et le poisson salé du Sénégal, la viande de bœuf du Tchad, etc…

Les étalages des marchés et les menus des restaurateurs démontrent très bien la pauvreté des produits congolais ou made in Congo. Le Congo Brazzaville est devenu incapable de produire une simple aiguille à coudre et encore moins une boîte d’allumette et pourtant, les compétences existent, la main d’œuvre abondante, et les moyens financiers débordent dans les banques locales qui sont toutes en surliquidités.

Comme quoi il ne suffit pas de réunir tous les paramètres pour développer un pays, encore faut il une réelle volonté de le faire, et surtout un leadership éclairé.  Tout le reste n’est que blablabla…

Pays béni par les Dieux, le Congo Brazzaville n’a hélas jamais su comment tirer profit de la fertilité de ses terres et de la clémence de son climat, toutes les tentatives pour augmenter la production agricole au Congo ont lamentablement échouées à cause de ses dirigeants médiocres sans vision aucune, dirigeants qui ne  pensent qu’à se remplir les poches, à se construire des villas grandioses au détriment du bien être des populations.

Il n’y a rien à manger au Congo Brazzaville, le déficit chronique en énergie (pas d’électricité) accentue cette pénurie car on ne peut quasiment rien conserver. Tout ici ou presque est importé, il est presque impossible de composer un plat typiquement congolais sans aucun ingrédient qui vienne d’ailleurs car même la production locale de sel (produit de base) ne suffit pas à répondre à la demande. 

Au Congo Brazzaville on mange beaucoup de poisson, frais, fumé, salé, séché, grillé, braisé… Les congolais ne savent pas pécher, là encore on essaye péniblement d’attraper le poisson comme dans les temps très anciens de la guerre du feu.

Le poisson qu’on consomme au Congo Brazzaville est importé des contrées lointaines comme la Norvège, la Russie, la RDC, ect…, le poisson produit localement est excessivement onéreux, c’est aussi le cas pour le poulet. D’ailleurs un des dirigeants du pays s’enorgueillissait de claironner qu’au Congo le poisson mourrait de vieillesse dans l’eau. Bêtise-bêtise quand tu nous tiens…

La demande alimentaire est tellement forte et la pénurie tellement chronique que les fournisseurs et les importateurs ne savent plus où donner de la tête. Au lieu de mettre en place des politiques pour encourager la production locale, le gouvernement médiocre n’a pas trouvé mieux que d’augmenter les importations, ainsi, le Rwanda, petit pays sans terre qui n’arrive plus à contenir sa population à cause de sa démographie exponentielle et de ses frontières étroites s’est rajouté depuis peu sur la longue liste des pays qui nourrissent les congolais. Le premier cargo de marchandises made in Rwanda avait quitté Kigali le 6 mai 2013 en direction de Brazzaville.

La compagnie rwandaise aérienne, la Rwandair Express a dernièrement ouvert une ligne Kigali-Brazzaville-Libreville et la clientèle est abondante. Après ce succès, une délégation rwandaise s’était rendue a Brazzaville et à Libreville pour tester la demande sur le marché local, le constat avait été que les produits rwandais sont très appréciés par les congolais d’où la décision d’exporter les produits agricoles du Rwanda vers le Congo Brazzaville car le Rwanda, pays essentiellement agricole a des excédents alimentaires.

Ce petit pays que beaucoup ont découvert à la faveur de l’atrocité du génocide et qui déstabilise depuis des années le grand Congo va maintenant nourrir le petit Congo à cause ou grâce à son dictateur éclairé et visionnaire, paradoxal vous ne trouvez pas ?

Les farines de manioc et de mais, les graines de haricot, la viande, les fruits, les légumes rwandais vont trouver des consommateurs à Brazzaville. Ne souriez pas, vous avez bien compris. Le Congo Brazzaville a commencé à importer son aliment de base (le manioc) du Rwanda. Chaque semaine, un cargo de 30 à 60 tonnes quittera désormais l’aéroport international de Kigali pour l’aéroport de Maya-maya afin de nourrir les congolais. C’est comme si on vous disait que la Suisse allait nourrir les français.

La viande de bœuf du Rwanda va permettre aux Brazzavillois d’avoir une autre alternative à la viande de brousse, au poisson fumé ou salé (les maboké et les makayabu), la très rare et onéreuse viande de bœuf au Congo Brazzaville provenait essentiellement du Tchad, les produits agricoles comme le haricot, l’oignon et les légumes proviennent du Cameroun, le riz est importé d’Indochine car la République du Congo qui est incapable de fabriqué un minuscule cure-dent fonde sa pseudo-économie essentiellement sur l’exploitation de ses ressources naturelles notamment le pétrole, le bois et les minerais dont les revenus constituent l’essentiel de son PIB.

Le Rwanda dispose de 1,5 million d’hectares de terres cultivables (6 % de sa superficie), et 90 % de la population vit de l’agriculture, le premier secteur pourvoyeur d’emplois et le deuxième pour sa contribution au produit intérieur brut (37 %), après les services (42 %).

Outre le thé et le café (auxquels il faut ajouter le pyrèthre (variété de camomille utilisée comme insecticide bio), ses principaux produits à l’export, les agriculteurs rwandais cultivent le manioc, le maïs, la banane, le haricot, le sorgho, la patate douce… et se sont également lancés dans l’horticulture, une filière prometteuse.

Malgré un climat favorable, qui permet une double récolte, et une altitude qui autorise une large variété de cultures, l’agriculture rwandaise est freinée par la diminution continue de la taille des exploitations et par des contraintes topographiques. Elle n’est pas mécanisée et recourt insuffisamment à l’irrigation, à l’engrais et aux animaux de trait – alors même que l’élevage bovin est l’une des filières maîtresses du secteur. Enfin, le financement du secteur par les banques est dérisoire : 1 %.

"Nous ne misons pas sur l’augmentation des surfaces cultivées, explique un responsable de la Fédération rwandaise du secteur privé, mais sur la productivité par unité. C’est pourquoi nous insistons sur la recherche et la vulgarisation de techniques nouvelles, afin d’obtenir des variétés plus productives et plus résistantes".

Pour renforcer les performances du secteur, les autorités comptent, d’ici à 2020, dégager une enveloppe de plus de 1 milliard de dollars, dont 109 millions pour le développement de l’irrigation, 538 millions pour la réhabilitation des grands périmètres irrigués et 388 millions pour l’énergie.

De l’autre côté de la rive du second grand fleuve du monde, dans le Mayombe, à l’extrême sud-ouest de Kinshasa, les feuilles de manioc son traitées et ensachées, avant d’être écoulées sur le marché local ou exportées vers l’Europe. Une aubaine qui change la vie des agriculteurs et les incite à produire davantage…

Sur le marché local (Kinshasa, Matadi, Boma), un sachet de 500 gr de ces feuilles de manioc est vendu 400 Fc (0,50 $). Exporté dans des containers frigorifiques en Belgique et en France où vit une importante communauté congolaise souvent en manque d'aliments du pays, la même quantité s’écoule autour de un euro (1,5 $).

Les changements apportés dans la vie des agriculteurs du Mayombe suscitent d’autres projets. "Après les feuilles de manioc, nous allons prochainement tenter la même expérience avec d’autres légumes notamment pour encourager les maraîchers", promettent les responsables de Matsu-Délice. Fermer toutes les frontières de la RDC et le petit Congo est complètement asphyxié en moins d’une semaine ; il en ait ainsi depuis l’indépendance.

Plus des trois quarts des produits vivriers frais qu'on consomme à Brazzaville proviennent d’une seule région, le Pool, qui n'a pourtant guère été gâté par la nature, côté sols comme côté temps.

De tout point de vue, et surtout au vue de ses ressources naturelles et humaines, le Congo Brazzaville peut effectivement devenir un géant agricole au coeur de l'Afrique et rivalisé avec ses voisins.

Le sera t-il ou ne le sera t-il pas, tout dépend des politiques nationales, d’un volontarisme politique et du cadre institutionnel. Le développement des ressources humaines doit être cohérent, en équilibre pour le développement économique, avec les ressources propres engagées dans ce processus et les ambitions de chacun. Bienvenu au pays des paradoxes et des incongruités…


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