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UN DRÔLE DE PAYS : 12. Un Pays de Complexés et de Paradoxes Assumés

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luvuentendu.jpgQuelqu’un avait dit que chaque homme à deux pays, le sien propre et la France ; concernant le Congo Brazzaville il aurait dû dire : "chaque congolais à deux pays, la France et le Congo".

Jugez en vous même, la langue officielle du Congo Brazzaville est le français comme d’ailleurs dans la plupart des pays d’Afrique noir colonisés par la France. Ce choix avait été nécessaire pour contourner nous dit-on la difficulté des nombreux dialectes (plus de 200 dialectes dans certains pays), néanmoins, les autres pays donnent la part belle aux langues locales (le ouolof au Sénégal, le lingala en RDC, le swahili ailleurs etc.) ; au Congo Brazzaville il en ait tout autre.

Les congolais pensent et rêvent en français, les congolais éduquent leurs enfants en français, il n’est pas rare de rencontrer des enfants de 3 ans qui vous parlent un français impeccable alors qu’ils ne comprennent rien des dialectes de leurs parents. Au Congo Brazzaville même les analphabètes qui ne savent ni lire ni écrire et les villageois qui n’ont jamais été à l’école comprennent et parlent la langue de Molière. Etonnant non ?

La langue française est ici plus qu’ailleurs la langue de l’élite, alors il faut à tous prix donner sa chance aux enfants pour qu’ils entrent dans le triptyque congolais et ses symboles de réussites sociales (grosse maison, grosse voiture et grosse femme) même si par ailleurs des nombreuses études démontrent que les enfants apprennent mieux dans la langue de leurs parents.

Au Congo Brazzaville, bien parler la langue française même quand on ne sait pas l’écrire rime avec intelligence, ne souriez pas vous êtes dans le pays des paradoxes assumés. Ici on pousse le mimétisme jusqu’à parler français comme le français sinon mieux que le français lui-même ; c’est à dire sans accent.

Au Congo Brazzaville même les intellectuels qui détestent la France qu’ils accusent à tors de tous les maux pour masquer leurs irresponsabilités ont un rapport particulier, presque incestueux avec la langue française.

Il est bon de rappeler à tous ces intellectuels en mal de boucs émissaires, que selon l’OMC et la Banque Mondiale, le Congo Brazzaville participe à hauteur de 0,01% dans les échanges mondiaux alors que la Belgique toute seule participe à hauteur de 5% dans les échanges commerciaux de la planète ; ce qui met à mal la théorie des richesses congolaises qui seraient primordiaux pour la France car si le Congo Brazzaville arrivait à disparaître, la France trouverait certainement les moyens de prospérer encore et encore. La France n’a pas de pétrole mais elle a des idées.

Chaque congolais a deux pays, la France et le Congo. Le congolais connaît toutes les subtilités de la politique française, grâce à la radio mondiale (Rfi) et à la télévision par satellite, rien mais vraiment rien de la politique et des mouvements sociaux en France n’échappe aux congolais alors qu’ils ne sont même pas au courant de ce qui se passe chez eux.

Ils ont quelques excuses : la politique au Congo Brazzaville est faite par des roublards, la politique au congo est terne et violente ; il faut attendre plusieurs semaines pour que se tiennent un conseil des ministres, quand au parlement, aucun congolais n’est capable de vous dire sur quel projet de loi travaillent les députés.

Depuis que j’y suis installé, il n’y a aucun débat de société, aucune manifestation d’envergure, l’opposition n’est pas audible parce que muselé, les médias sont aux ordres etc., alors, les congolais se rabattent sur la politique française (là bas au moins il y a du mouvement presque toutes les semaines).

Les congolais ont développé au fil des années un complexe d'infériorité par rapport à la peau blanche en particulier. Complexe d’infériorité assumé qui paralyse les hauts cadres, tétanise les ministres et émascule le plus haut sommet de l’Etat.

Ceux qui dans d’autres pays s’offusquent de la sélection au faciès ne pourraient pas vivre au Congo Brazzaville. Ici avoir une femme blanche ou un compagnon blanc est synonyme de réussite sociale. Ici la peau clair est attractive, synonyme d’intelligence, de sérieux et de beauté, alors, pour conjurer le sort, beaucoup de congolais se décapent la peau pour avoir "le teint commercial" ; métis, arabe ou blanc se font ouvrir toutes les portes ; pour les appels d’offres des marchés publics par exemple, priorité est donner aux sociétés étrangères dans tous les ministères.

Les permis de recherche pétrolière ou miniers par exemple sont exclusivement donner aux jeunes blancs plutôt qu’aux jeunes congolais or, tout le monde sait que le détenteur d’un simple permis de recherche est courtisé par toutes les grandes banques du monde pour lever les fonds. Les dirigeants congolais se complaisent à enrichir les étrangers. Encore mieux, dans une file d’attente, le petit commerçant se précipite pour servir en priorité le blanc. Aliénation mentale quand tu nous tiens...

J’entend dire par ci par là que le congolais est pacifique dans l’âme, effectivement les congolais ne se sont jamais battu ni pour leurs droits et encore moins pour leur liberté. L’indépendance leur avait été donnée par le Général De Gaulle, le multipartisme leur avait été servi sur un plat d’argent par le Président François Mitterrand et la pérestroïka, aujourd’hui, le regard larmoyant tourné vers cette France qu’ils détestent par moment et qu’ils aiment tant, ils espèrent en silence qu’elle leur donnera encore cette fois-ci ce qu’ils espèrent : l’alternance politique démocratique. Quand les congolais se battent quand même c’est pour des prééminences ethniques du genre : notre ethnie est le meilleur.

Dans leur médiocrité les congolais espèrent que Dieu viendra les sauvé. Alors, ils organisent des journées de prière pour la paix, des grandes messes publiques pour la stabilité et des campagnes géantes d’évangélisations contre la guerre alors que le Congo Brazzaville n’est menacé par aucun pays au monde. Ils oublient que l’ennemi du congolais c’est le congolais lui même ; ci, le méchant ce n’est pas l’autre mais soi-même.

Ce pays est vraiment drôle, c’est le moins qu’on puisse dire pour ne pas dire que ce pays ferait rigoler un âne. Pendant que dans tous les pays du monde les populations grondent contre la crise, manifestent pour leurs droits et se battent pour leur liberté, ici on prie, on croit encore aux miracles, et on espère que Dieu ne laissera pas faire cette fois-ci. Personne n’a encore compris ici que les libertés ou les droits qu’on gagne à la sueur de son front n’ont pas la même saveur que ceux qu’on vous octroie ou qu’on vous donne par humanisme ou encore par intérêts.

La jeunesse, fer de lance de tous les mouvements sociaux et politiques dans tous les pays monde est ici très conservatrice et ne veut surtout pas prendre de risque, même le risque d’un lendemain meilleur. Les vieux quand à eux ont pour seule ambition de conserver leurs acquis. Quand aux intellectuels, donneurs de leçons, ils se perdent en conjectures et en stratégies sans lendemains.

Alors rien ne se passe. Un pays de conservateur pensez-vous ? Non, plutôt un pays de médiocre qui attend que tout lui vienne d’ailleurs à commencer par la nourriture de tous les jours. C’est vraiment un drôle de pays avec des drôles d’habitants qui aiment se raconter des histoires à dormir debout alors que le monde avance.

Personne n’a encore compris ici que les autres ne travaillent pas nuit et jour sous des températures dès fois excessives par plaisir ; les congolais sont des paresseux, des fainéants qui n’ont pas encore compris que les gens qui se battent et meurent dès fois en silence pour les droits et les libertés ont besoin de soutien, certains qu’ils sont que Dieu viendra les sauvé. Ça ira répètent-ils en cœur en baissant les yeux, comme pour conjurer le sort.

Les peuples médiocres ne méritent que des dirigeants médiocres. Quelques chiffres pour vous convaincre que ce pays est très particulier :

Population de moins de 15 ans en 2012 : 45,3 %

Population de plus de 64 ans en2012 : 2,8 %

Espérance de vie à la naissance en 2013 : 55,60 %

Taux de mortalité des moins de 5 ans en 2010 : 93,0 %

Taux de chômage en 2012 : 53,0 %

Nombre de médecins pour 1000 habitants en 2007 : 0,2

Pourcentage d’habitants de bidonvilles dans la population urbaines : 53,4 %

Dépenses d’éducation en % du PIB (2010) : 6,2 %.

Source : http://www.statistiques-mondiales.com/congo_brazzaville.htm

Ce drôle de pays est sans contestation possible dirigé par des médiocres irresponsables. On pourrait en dire tout autant de tous les natifs d’origine congolaise qui le leur ont permis par manque de courage. Les congolais ont bien les dirigeants qu’ils méritent.

On peut sans se tromper affirmer que le Congo Brazzaville est du mauvais coté de la marche de l’histoire. Le Congo Brazzaville n’est pas dirigé car dans dirigé il y a le mot direction, et encore moins gouverné ; le Congo est géré au quotidien par une classe politique médiocre et dépassé par les enjeux sociétaux.

Ici il n’y a rien de consistant, personne ne sait vraiment comment va se passer sa journée, quand au lendemain, c’est une autre histoire...

Ce jour-là, j’étais déterminé à donner le meilleur de moi à mon travail, j’avais tout planifié pendant le week end, mon emploi du temps était blindé et je m’étais mis en condition pour que tout se passe bien. Malheureusement rien n’allait se passé comme je l’avais prévu. 

Dès 6h00 du matin j’étais sur pied, prêt à affronter ma journée ; après m’être débarrassé des tracasseries liées au transport, je me retrouve au bureau à 7h00 comme prévu. Et là, les problèmes commencent. L’électricité venait de partir, or, une partie de mon travail se trouvait dans les ordinateurs.

A Brazzaville les coupures d’électricité sont récurrentes, c’est même la règle, tout le monde le dit et se plaint tous les jours et pourtant rien ne change année après année, quand on travaille sur des machines qui ont besoin d’énergie il faut toujours avoir à l’esprit que la coupure d’électricité peut survenir la seconde d’après sans avertir, cela rajoute à l’angoisse dans un environnement où l’insécurité est plutôt ma règle. L’électricité se nomme en anglais power qui signifie aussi pouvoir dans tous les sens...

Qu’à cela ne tiennent je me rabats sur mon ordinateur portable jusqu’à l’épuisement complet de la charge de la batterie. Déterminé, je me persuade d’avancer mon travail sans énergie et de travailler à la main. Sauf que ce jour là, la secrétaire qui travaille avec moi depuis un an me téléphone pour me dire qu’elle ne pouvait pas venir au travail parce que son cousin était souffrant ; étonné comme un extraterrestre, je lui rétorque que je ne voyais pas le rapport entre son cousin souffrant et le travail d’autant plus qu’elle n’était pas médecin. Peine perdue, non seulement elle ne comprend pas que je puisse donner la priorité au travail mais en plus elle me prend vraiment pour un extraterrestre sans coeur. Vivement que je me tropicalise...

Au Congo Brazzaville vos économies peuvent disparaître de votre compte bancaire du jour au lendemain, votre société peut fermer ses portes du jour au lendemain, vos contrats peuvent être annuler etc., sans que cela n'offusque personne.

Si quelqu’un vous avertit plusieurs jours à l’avance de son intention de vous boxer, alors c’est que cette personne veut vous donner un avertissement sans aucune intention d’exécuter sa menace car dès lors qu’il vous avertit de vous boxer, il est certain que vous prendrez les précautions nécessaires.

Il en ait de même des grandes gueules congolaises qui brandissent le point et menacent que le moment venu, on verra ce qu’on verra. Dans la réalité, on peut être certain que tous ces défroqués iront se planqués dès les premiers signes d’escarmouche. Ne faites jamais confiance à un congolais même s’il vous paraît brillant en vous déballant une valise de diplôme ; je l’ai fait plusieurs fois à mes dépens.

Il n’y a rien de spontané, en politique comme ailleurs, il y a des processus qui ne trompent pas, une population qui subit depuis des années sans bronchés risque de subir encore pendant des années sans bronché, autrement dit : "quand on est con on reste con".

Un espoir pourtant : le pire n’est jamais certain, le réveil peut être lent, car même les grands dormeurs finissent toujours pas se réveillé...

2016 est proche, chaque congolais est conscient des enjeux de cette charnière qui sonnera ou bien la renaissance du pays ou alors la continuité dans la médiocrité.


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