Mouvement Citoyen pour le Respect de l'Ordre
Constitutionnel
Monsieur Jean Nkaba
Mesdames et Messieurs,
Un homme à la voix chaude s’est éteint. Il s’agit de cette voix qui, dans ses éclats, nous parlait du
Congo.
Lentement, une silhouette s’éloigne, laissant dans son sillage des souvenirs de combats pour la
démocratie.
Le 19 janvier 2015, Jean Nkaba nous a quittés.
Pour le Mouvement Citoyen pour le respect de l’Ordre Constitutionnel dont il fut membre, il n’y a pas d’honneur plus cruel
que celui qui nous porte aujourd’hui à célébrer sa mémoire.
Et pourtant, en ces heures si tristes, nous nous souvenons de ses fulgurances intellectuelles, de son
perfectionnisme, de ses interventions grondantes très souvent suivies de rires éclatants.
Nous nous souvenons d’un homme qui, par l’intelligence de ses mots et la noblesse de ses idéaux, réussissait à
orchestrer nos réunions.
Nous nous souvenons qu’il a souvent su s’imposer en arbitre de nos différends, se faisant ni homme du pour, ni celui du
contre, mais l’homme de la Démocratie.
Son goût du débat démocratique éclairait sa passion pour l’unité nationale. Car, pensait-il, il n’y a pas un peuple du sud
contre un peuple du nord, il n’y a que le peuple congolais, capable de toutes les grandeurs.
Nous voulons nous souvenir du pouvoir du verbe qui conduisait Jean Nkaba à l’action.
Respectueux de l’intelligence dont il était capable pour peu qu’elle fut sollicitée, nous cherchons à exprimer
l’estime du fait politique et la dignité du débat républicain qui l’ont inspirée.
Il nous a été difficile de confondre l’intensité de ses engagements avec le mépris de l’adversaire politique. Jean Nkaba a
toujours su rester digne et loyal dans la controverse.
Nous croyons, Mesdames et Messieurs, à la modernité de la pensée de cet homme qui honore notre démocratie, et plus encore,
notre nation.
Nous avons en mémoire son engagement au sein du Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel pour
dire avec nous « non au changement de la Constitution du 20 janvier 2002 ».
L’annonce du décès de Jean Nkaba a soulevé une vague d’émotion au sein du Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre
Constitutionnel.
Toutes les forces vives de la nation membres de cette plate-forme ont été touchées.
Que ce flot d’éloges converge ainsi vers un homme à qui nous faisons la promesse de poursuivre ce combat commencé
ensemble.
Le « non » au changement de la Constitution du 20 janvier 2002 de Jean Nkaba est la marque d’un homme libre, c’est le destin
de celui qui, comme tous les membres de ce mouvement, a pris la courageuse initiative de faire du respect de l’ordre constitutionnel le fil de sa vie.
Contre le Changement de Constitution, Jean Nkaba a appelé au respect de l’Etat de Droit ;
Contre le Changement de Constitution, Jean Nkaba a prôné la Continuité de l’Etat ;
Contre le Changement de Constitution, Jean Nkaba a exigé le respect de la limitation du nombre de mandats
présidentiels.
C’est pour défendre cet idéal qu’il a mené son combat à nos côtés. A nos côtés, il a décidé le profil du citoyen souverain,
conscient de son rôle et de son devoir envers son pays, il a tenu à être à la source de sa haute conception de la République et de la Démocratie.
Lui, l’enfant de Gamboma, épris de liberté, de fierté, de grandeur, a tant de fois donné sa voix au Congo.
« Puisque tout recommence toujours-écrivait le Général de Gaulle- ce que j’ai fait sera, tôt ou tard, une source
d’ardeur nouvelle après que j’aurai disparu ».
Jean Nkaba fut le jaillissement de la Démocratie et la démocratie est universelle autant que les valeurs qu’elle
recèle.
Jean Nkaba, la Démocratie c’est la flamme qui nous a éclairés le long du chemin parcouru ensemble, c’est la flamme de la
liberté,
C’est celle de l’indépendance.
Cette flamme qui nous a inspirés, ne s’éteindra jamais.
Le combat que nous avons mené, nous oblige.
Il nous oblige au rassemblement lorsque le destin de notre nation est en jeu.
Mesdames et Messieurs,
Cette oraison funèbre vient clore une vie en la ressuscitant dans notre mémoire. Jean Nkaba nous a quittés, mais son
souvenir ne nous quittera pas.
Nous adressons à sa famille un témoignage d’affection, et disons à ses enfants qu’ils peuvent être fiers de porter son
nom.
Adieu Jean Nkaba ! Que ton âme repose en paix et que la terre te soit légère.
Nous vous remercions.