Eau et Santé Publique au Congo Brazzaville
Par Ange Marie MALANDA
Le Congo Brazzaville est comme la plupart des pays de l’Afrique centrale
francophone très bien arrosé, pourtant celui-ci souffre cruellement de la difficulté d’accéder à l’eau potable au-delà de l’abondance de cette ressource.
La vulnérabilité du Congo Brazzaville s’accentue quotidiennement à cause de son sous développement qui nous expose à tous les risques. Ces risques sont parfois dus aux catastrophes naturelles telles que les tempêtes, les inondations et même le dégazage. Nos villes, Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, N’kayi, Ouesso, Owando, Ewo, Impfondo et même Boundji sont traversées par des cours d’eau. Le problème de notre pays est celui d’excès d’eau, même si pendant des années entières, nous n’avons point d’eau potable chez nous, certainement à cause de la vétusté des infrastructures en la matière.
Au-delà des risques liés aux catastrophes anthropiques, avec l’urbanisation galopante, nous constatons qu’au fur et à mesure que le temps passe, que notre pays connaît une désertification qui ne dit pas son nom. Cette désertification est la conséquence du déboisement et à la dégradation de nos terroirs.
Les activités minières et pétrolières posent au Congo Brazzaville les problèmes de pollution qui sont liés à l’extraction des matières premières (pétrole, bois, minerais), à l’industrialisation et à la prolifération urbaine. La faiblesse de l’Etat, l’absence de réglementation, les difficultés de faire appliquer les lois nous font constater que les firmes multinationales mènent des activités prédatrices pour le milieu naturel, rejetant sans contrôle les résidus de leurs activités dans l’air et dans la nature. Ainsi au Congo Brazzaville se pose de façon croissante et récurrente des problèmes autant dans les zones rurales que dans les zones urbaines.
L’eau, c’est la vie disaient nos aïeux ; pourtant au-delà de sa grande disponibilité dans notre pays, une grande partie de nos compatriotes environs 85% manquent d’eau potable, ressources pourtant indispensable à la santé, au bien être, à la sécurité alimentaire et même à la croissance économique.
La géographe Sylvie BRUNEL note que "l’eau représente le premier facteur de différenciation spatiale et humaine en Afrique. La quantité d’eau reçue façonne les milieux naturels […], la maîtrise de l’eau par les hommes conditionne les paysages et les modes de vie…".
Il faut reconnaître, que la question hydrique englobe tant les problématiques sociales, sanitaires économiques, politiques et géostratégique. En ce qui nous concerne, nous nous focaliserons sur la disponibilité, l’accessibilité et la qualité de cette ressource qui est abondante au Congo Brazzaville, mais manque à cause d’une mauvaise administration de la chose publique.
S’agissant de la disponibilité : nos territoires sont bien arrosés, l’excès d’eau est source de problème. L’eau est tellement abondante qu’elle ne devrait même pas posée problème ; l’utilisation est faible comparée à la quantité d’eau.
De l’accessibilité : Brazzaville, Pointe-Noire, et Owando, sont traversées par les cours d’eau, malgré cette abondance disais je, l’eau sous sa forme essentielle (potable) manque dans nos campagnes et dans nos villes, pourtant dans certaines zones de notre pays, on a besoin de drainage, à cause de cet excès. Au Congo Brazzaville moins de 25% de la population a accès à l’eau potable, pendant qu’au Botswana, en Namibie qui est près du désert de Kalaha, l’accession à l’eau potable est de 100%
Enfin sa qualité : elle est à l’origine de nos maladies, elle constitue le premier facteur de mortalité ; depuis la fin de 1997, le problème n’est pas résolu au Congo Brazzaville. Ne sachant même pas gérer cette ressource si abondante et indispensable pour la survie humaine, l’incapacité de la maîtrise de l’eau entraine la saturation, la salinisation et favorise les maladies qu’on pouvait éradiquer telles le paludisme, schistosomiase, trypanosomiase celle-ci recule avec le défrichement et l’aménagement agricole), cette incapacité à maîtriser la ressource hydrique se manifeste par la recrudescence de maladies parasitaires telles que la filariose, blennorragie, dingue, fièvre jaune et les maladies diarrhéiques affectent nos populations qui utilisent les rivières pour la cuisine, la toilette sans compter toutes ces marres d’eau stagnantes qui viennent amplifier les maladies.
Le paludisme, première cause de mortalité est liée à l’état de l’eau (rizière, bords de lac, lagunes, berges de ruisseau…). A coté de cette faiblesse de l’encadrement sanitaire. Le progrès est la conséquence d’une bonne administration. L’adduction d’eau potable se limite à Brazzaville, Pointe-Noire, N’Kayi, Dolisie et Ouesso, ceux au détriment de l’arrière pays comme l’aurait dit les autorités en place.
Force est de constater qu’avec la croissance urbaine, la vétusté des tuyaux datant des années soixante et soixante dix et le manque d’entretien, ont pour suite logique la détérioration des eaux de surface. Ainsi 90% de la population du Congo Brazzaville n’est pas connectée à un système moderne de réseau de distribution d’eau potable.
Si au Congo Brazzaville, pays regorgeant des ressources stratégiques comme le pétrole, le bois, le diamant, l’uranium, le fer etc…, moins de 25% des citoyens dans un pays où l’eau est tellement abondante, où il ne devrait même pas avoir de difficulté, on constate avec amertume que l’utilisation est faible par rapport à la quantité d’eau mobilisable.
On est face à une vulnérabilité au risque hydrique entretenue sinon voulu par nos autorités qui s’investissent dans la négligence. Notre pays Congo reçoit un maximum de précipitation annuelle et il dispose d’un bassin hydrographique important au cœur de l’Afrique, ici on ne connaît pas de sécheresse, par négligence, l’eau pose problème pour les populations favorisant ainsi la recrudescence de certaines maladies comme le choléra. Pourtant le Niger, le Mali et le Burkina Faso qui sont proches du désert parviennent à alimenter leurs concitoyens en eau potable.
L’approvisionnement régulier en eau potable est un besoin éminemment fondamental pour la santé de toute l’humanité. Comme je l’ai susmentionné, sa contamination favorise la propagation des maladies transmissibles par voie hydrique qui déciment les populations les plus vulnérables qui vivent en zone rurale et périurbaine.
Au Congo Brazzaville, où on ne tient point de statistiques, en matière de santé publique, il faut noter qu’une proportion prépondérante des décès est due à la consommation des eaux contaminées. Ainsi favoriser l’accès à l’eau potable à la majorité, c’est contribué en toute responsabilité à l’amélioration de la santé publique.
L’eau demeure un facteur vital pour la sécurité alimentaire, la santé publique et le développement économique. Sa gestion a des dimensions économiques, sociales et environnementales. L’accroissement de la population, l’extension de l’agriculture, et l’industrialisation (demain avec l’exploitation de gaz de schiste par ENI) et les pollutions qui sont liées à l’activité impacte aussi le bien être sanitaire de nos populations en aggravant la pression sur la ressource hydrique. L’Organisation des Nations Unies (ONU) estimait qu’en 2000, plus de 300 millions d’Africains risquaient de vivre dans un environnement déficitaire en eau, malgré l’abondance de l’eau, ça fait tant d’années que nous n’avons plus d’eau chez nous dans les robinets.
Nous devons apprendre à gérer l’eau en la rendant disponible sous sa forme potable pour les couches défavorisées et préservée cette ressource contre toutes les formes de pollution et de contamination. Au Congo Brazzaville, la déficience des installations sanitaires perpétue les problèmes de santé. La mauvaise qualité est la conséquence des contaminations agricole, industrielle, des matières fécales quand il pleut.
Notre objectif est de mettre en œuvre des politiques visant à satisfaire les besoins fondamentaux des populations, particulièrement des populations les plus exposées au risque à un d’approvisionnement pérenne tant sur les plans quantitatif que qualitatif, en contribuant en faveur d’un environnement favorable à l’amélioration de la santé pour réduire la transmission des maladies dues à l’incapacité de la maîtrise de l’eau.
Les autorités doivent investir méthodiquement dans la réhabilitation, l’extension et la construction des systèmes adaptés à nos besoins réels en nous appuyant sur les capacités technologiques et financières. Dans un souci d’une gestion saine des finances publiques, la politique nationale en matière d’adduction, d’accession et de distribution doit intégrer la ressource disponible en eau, des couts réels et des besoins de nos populations.
Empiriquement, nous apprenons qu’un investissement visant à améliorer l’alimentation en eau potable ne serait efficace, que s’il est accompagné par des actions ciblées dans l’hygiène, la médecine, l’éducation et un engagement ferme de salubrité publique qui permettrait d’évacuer les eaux usées, des excréta, d’améliorer le cadre de vie (habitat), la nutrition.
Dans le même temps, on fera en sorte, que des efforts soient portés sur la qualité de vie (médecine préventive, médecine curative, accès aux soins de santé, lutte contre les épidémies, les endémies, et la mortalité infantile).
En somme, le Congo Brazzaville qui sans faire un effort d’assainissement des finances publiques se trouve grâce à l’amélioration de termes de l’échange dans une capacité de financement, pour ne pas dire en excédent budgétaire devrait prioritairement agir pour renforcer la viabilité des installations, l’extension et la construction d’un réseau susceptible d’alimenter tous les enfants du pays en eau potable, où qu’il se trouve sur l’étendue du territoire nationale, en tenant compte de l’entretien.
L’amélioration du fonctionnement des installations existantes en réduisant les pertes dans les réseaux qui passe par un changement progressif des tuyaux en fer galvanisé qui sont attaqué par la rouille due au contact des produits chimiques de traitement des eaux en tuyaux modernes (PVC) sans pour autant que ceux-ci ne puissent détériorer la qualité de l’eau devrait être privilégiée, en lançant de manière ciblées les investissements pour l’extension des installations, notamment en milieu rural ; si la Namibie et le Botswana ont pu satisfaire l’accès à l’eau à 100% pourquoi, on ne peut le faire au Congo Brazzaville.