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UN PAYS JEUNE DIRIGÉ PAR LES VIEUX

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"Aies le Courage de te Servir de ton Propre Entendement"

Par Didier NGALEBAYE

wade abdoulayeLa moindre consultation des listes de participation aux élections, aux différentes structures publiques et aux conseils successifs de la jeunesse montre qu’à peine le 1/5ème des effectifs est des jeunes.

Cela veut dire que même le Ministère en charge de la Jeunesse considère les jeunes, mêmes étudiants, comme durablement mineurs, incapables de se servir de leur propre entendement pour s’orienter dans la vie. Cela veut dire aussi que l’institution Conférence générale de la Jeunesse est prise en otage par des administratifs qui en font leur fonds de commerce en lieu et place des concernés.

FORCES

Augmentation constante du poids démographique des jeunes (18-45 ans) par rapport à celui des vieux (plus de 46 ans), constatée au fil des recensements administratifs. Taux appréciable de la scolarisation de la jeunesse. Maintien appréciable du principe d’attribution de la bourse d’études. Augmentation de l’espérance et de la qualité de vie des cadres âgés de plus de 55 ans, à qui profitent 90% des promotions politico-administratives.

Recrutement effectif des jeunes cadres à la Fonction publique de 1960 à 1984. Relance effective des recrutements à la Fonction publique depuis 2001.

Promotion politico-administrative des jeunes cadres de 1960 à 1980. Promotion timide et clientéliste des jeunes cadres de 1990 à 2010. La prolongation de l’âge de départ à la retraite à 60 ans arrange les jeunes, dans la mesure où ceux-ci n’accèdent au monde du travail qu’entre 30 et 45 ans.

Les jeunes représentent 70% de la population active et électorale, face aux vieux qui représentent 30%. A ce titre, ils constituent le rempart incontournable que les candidats aux différentes élections mobilisent pour assurer leur victoire. Les jeunes (de 18 à 45 ans) constituent plus de 70% des militants des partis et associations politiques.

Désœuvrés et donc fragilisés pour la plupart, extrêmement fanatisés pour certains, les acteurs politiques les mobilisent à coup de t-shirt et de billets de banques, pour donner une présence humaine remarquables à leurs manifestations publiques.

FAIBLESSES 

Le taux de scolarisation de la jeunesse congolaise a progressivement baissé. La qualité de la scolarisation est en chute libre. Les conditions présentes d’attribution des bourses d’études manquent d’équité, alors qu’il s’agit des ressources financières nationales mises au service de la formation des futures ressources humaines du pays.

La réduction de l’espérance et de la qualité de vie des jeunes cadres, à cause de la précarité de leurs conditions de vie (accès tardif à l’emploi et aux promotions, qui ne leur profitent qu’à 10%.

La suspension des recrutements à la Fonction publique pendant plus de 20 ans (1985-2001), sous la pression des bailleurs de fonds internationaux.

Dans ces recrutements, la priorité n’est pas systématiquement accordée aux diplômés sans emploi, régulièrement sortis des écoles de formation. Absence de statistiques sectorielles et périodiques sur l’emploi au Congo.

Dispersion de ce dynamisme dans des activités improductives et qui amplifient les antivaleurs, comme la violence (…), par les aînés qui détiennent 90% des revenus du pays. Baisse progressive et considérable du taux d’utilisation politico-administrative des jeunes cadres.

Les jeunes cadres promus, suivant des critères non orthodoxes, ne sont, à 95%, pas des modèles de réussite scolaire et/ou universitaire, afin de servir d’exemples aux autres, si bien que le résultat de leur participation au développement du pays est globalement décevant.

PERSPECTIVES 

-      Réouvrir les internats sur l’ensemble du territoire national. Réinstaurer la rigueur dans les mécanismes de formation et d’accès à l’emploi, pour améliorer la qualité du Service public. Veiller à l’attribution de la bourse d’étude au mérite et aux candidats qui en ont socialement le plus besoin. Rétablir l’équité sociale, en donnant à chaque couche sociale les services proportionnels à l’investissement qu’autorise son poids démographique et électoral réel.

-      Elaborer un plan prospectif d’utilisation des jeunes cadres formés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays et tenant compte de la diversité de leurs profils face aux priorités du développement du pays. Rationaliser les mécanismes d’accès à l’emploi, en articulant les critères de compétence, de représentativité sociologique, d’équité et d’intégrité. Prendre une loi fixant un quota de 70% au profit des jeunes dans toutes les formalités d’accès à l’emploi, compte tenu de leur poids démographique. Actualiser sectoriellement et périodiquement les statistiques sur l’emploi.

Les vieux aux affaires se saisissent de ce bilan globalement négatif de la participation des jeunes aux affaires pour ne plus les responsabiliser du tout, mais sans réaliser que ce résultat négatif est l’effet de leur stratégie de maintien aux affaires trans-générationnellement.

Cette pratique amplifie réellement le chômage des cadres et incite ceux-ci à se livrer aux règles de la culture clientéliste, loin de l’honneur et de la dignité, que les études faites devaient conférer. Ce chômage des cadres donne la fausse impression que le pays est surpeuplé, alors que, selon le Dictionnaire Hachette, édition 2009, les pays de l’Afrique centrale sont peuplés ainsi qu’il suit :

Congo : 2, 7 millions ha ; Gabon : 1, 3 millions ha ; RDC : 62, 7 millions ha ; Cameroun : 14, 3 millions ha ; RCA : 4, 2 millions ha ; Guinée équatoriale : 500. 000 ha).

Cette pratique démographiquement injustifiable ne donne pas aux jeunes l’occasion d’acquérir l’expérience requise pour les promotions politico-administratives.

Aussi bien dans le fonctionnement normal de l’Administration publique qu’après les résultats électoraux, dans la redistribution des postes politico-administratifs pour gérer le mandat, 90% des postes sont confiés aux vieux qui ne participent à la victoire des candidats que pour 30% des suffrages.

Après avoir obtenu les résultats escomptés, les acteurs politiques ne tiennent pas compte de l’investissement et du poids de cette jeunesse dans la redistribution des rôles. C’est ainsi que, dans les organes dirigeants des partis et associations politiques, 90% des membres sont âgés de plus de 55 ans, alors que la structure est composée à plus de 70% des militants âgés de moins de 46 ans.

Ayant compris cette manœuvre politicienne, les jeunes mêmes jeunes arborent les t-shirt de tous les candidats, pour mieux se remplir les poches comme emploi temporaire, donnant ainsi aux acteurs politiques l’illusion d’être populaires, et de découvrir la supercherie dans l’abstention électorale.

La loi n°14-2007 du 25 juillet 2007 modifiant et complétant les articles 91 et 177 de la loi n°021-89 du 14 novembre 1989 portant refonte du statut général de la fonction publique, dispose, notamment :

« Article 177 : La limite d’âge est fixée à :

-      65 ans, pour les cadres de la fonction publique placés hors catégories ;

-      60 ans, pour les cadres de la fonction publique des catégories I et II ;

-      57 ans, pour les agents de la catégorie III.

Toutefois : Sur décision du Gouvernement, et à titre exceptionnel, l’âge de la retraite de certains agents de la fonction publique des catégories I et II peut être prolongé au-delà de 60 ans… ».

Cette loi est le principal obstacle à la promotion politico-administrative équitable des jeunes, parce qu’elle maintient improductivement en fonctions des cadres qui auraient dû faire valoir leur droit à la retraite depuis des années. Cette pratique accentue le chômage des jeunes cadres et amplifie l’inefficacité du Service.

Car, beaucoup préoccupés par le rattrapage sociale de leur situation, en régularisation, et par la stabilisation de leur état de santé, grâce à la garantie des évacuations sanitaires, ces vieux cadres ne sont plus réellement disposés à supporter les astreintes et contraintes des fonctions d’Etat, dont les services à la Société sont attendus.

Le traitement technique (suivant la méthode SWOT) des problématiques liées à la condition juvénile, à savoir : la formation, l’emploi, l’insertion socioprofessionnelle et la promotion politico-administrative montre, d’un côté, que le pays disperse beaucoup d’énergie et de moyens pour la Jeunesse, à travers des structures gouvernementales comme les Ministères des enseignements primaire, secondaire et supérieur, le Ministère de la Jeunesse et de l’éducation civique, pour des résultats minables et peu visibles, et d’autre part, le sondage du corps social indique que les intéressés n’en sont pas satisfaits.

Ce constat marque, non seulement les limites de la politique publique menée actuellement à cet effet, mais surtout, il formule le défi majeur de réussir de fabriquer une autre manière de traiter et gérer la question juvénile, en impliquant les intéressés et en l’inscrivant dans la durée.

Ledit constat revient clairement à dire que, 53 ans après l’indépendance du pays, la participation de la Jeunesse congolaise au processus du développement du pays n’est pas proportionnelle à son poids démographique, tel qu’établi par les recensements administratifs successifs, à savoir : 70% de la population, aussi bien totale qu’électorale. Nous allons à présent essayer de comprendre le contenu, le contour et les alentours de cette triste réalité, avant de suggérer quelques pistes de sortie.

Une analyse objective de cette situation que les jeunes sont eux-mêmes responsables de ce qui leur est arrivé, en se marginalisant à travers un certain nombre de mécanismes d’auto-marginalisation. En effet, dégout pour les bonnes et sérieuses études, préférence pour des pratiques et habitudes qui éloignent de la réflexion prospective qui, seule libère, l’embrigadement dans les partis et associations politiques tenus par des personnes âgées, qui les utilisent comme marchepieds, en exploitant la précarité de leur situation sociale pour les maintenir sous la minorité.

Au cours de l’histoire du Congo Brazzaville, on voit clairement comment la classe politique escroque la jeunesse, pour accéder, se maintenir au pouvoir et jouir de ses bienfaits, en sabotant l’intérêt général (la Justice et la Vérité).

L’histoire de la coopération à travers le monde montre que la règle d’or du partenariat est la réciprocité, qui suppose l’égalité des partenaires et l’équité dans le partenariat. Face à la paupérisation généralisée de la population, du fait de l’iniquité de et dans la redistribution du revenu national, d’une part, et de la précarité socioprofessionnelle des jeunes, les actions suivantes pourraient être envisagées :

1. loi sur l’implication de la jeunesse au développement du pays, dont les grands axes seraient : formation, quota d’accès à l’emploi, à la promotion politico-administrative et à l’insertion socioprofessionnelle ;

2. regroupement des Ministères chargés des questions juvéniles et création de grandes Directions générales spécifiques ;

3. désertion massive des partis et associations politiques tenus par des personnes ne partageant plus la condition humaine, de leur âge et leur comportement dans la société ;

4. la revalorisation des bonnes et sérieuses études, par la promotion de la rigueur et du mérite, afin d’analyser, comprendre, démasquer et dénoncer les mécanismes subtiles par lesquels la classe politique l’escroque et la maintien sous dépendance alimentaire, en ne lui réservant que des emplois insignifiants (secrétaires, chauffeurs, gardes du corps, porte-sac…) ;

5. la lutte contre le tribalisme politico-administratif et pour la solidarité, à travers la promotion de la rigueur et du mérite.  

Pour ne pas conclure

Le diagnostic sur la contribution de la jeunesse congolaise au développement du pays de 1960 à 2010, élaboré suivant la méthode SWOT, permet de noter que :

1-     La participation des jeunes au développement du pays a été active et effective dans la période allant de 1960 à 1980 ; les jeunes cadres de cette époque avaient des idées claires et précises sur leur avenir, au point d’être devenus les principaux et incontournables acteurs politico-administratifs du pays jusqu’à présent ;

2-    Cette participation a considérablement décliné à partir de 1990 ; la jeunesse de cette période-ci a préféré adopter le statut de « militant », que les acteurs politiques mobilisent, exploitent et manipulent pour leurs visées, en leur inculquant le préjugé d’immaturité et en leur indiquant ce qui est supposé être bon pour eux ;

3-    Etablit la responsabilité des aînés quant à leur défaut stratégique d’encadrement et de préparation de la Jeunesse à assurer leur relève, justifiant ainsi leur incontournabilité, face au manque d’expérience supposé des jeunes, pour se me maintenir contre le Temps.

En considération de ce diagnostic, l’enjeu de la présente Conférence Générale de la Jeunesse congolaise, dont l’objectif principal est l’adoption de la Politique nationale de la jeunesse pour les années à venir, devrait être la perte par les jeunes de leur statut historique de mineurs, pour conquérir la majorité et se donner ainsi la capacité de structurer son propre avenir, à la fois en harmonie avec le passage du témoin entre les générations, qui a été symbolisé lors du défilé du 15 août 2010, au Boulevard Général Alfred Raoul de Brazzaville, et au sens où le philosophe allemand Emmanuel KANT appelle « majeur », l’homme qui est capable de se servir de son propre entendement, sans Directeur de conscience, dégageant ainsi aussi le slogan du Siècle européen des Lumières, à savoir : « Aies le courage de te servir de ton propre entendement ! ».


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