LE CONTRAT REPUBLICAIN
C’est un cadre consensuel qui engage toutes les forces vives à la construction de la chose publique dans un climat de conciliation, de responsabilisation, de décrispation et de
construction permanente de notre vie commune en vue de léguer à nos petits enfants un pays où règne la paix, la sécurité, la prospérité et le bonheur.
L’objectif est d’aboutir à une patrie libérée de la violence, de l’ignorance, de l’obscurantisme, de la pauvreté, de l’inégalité et de l’insécurité. Cela suppose qu’on se donne les moyens grâce au sérieux des uns et des autres à favoriser l’alternance dans une atmosphère de confiance, d’apaisement et de patriotisme, de manière à ce que les conflits politiques ne trouvent pas leurs solutions dans l’usage de la force, mais dans le dialogue.
Nous sommes certain qu’il est possible de parvenir à un tel dessein, si nous nous engageons avec intelligence, responsabilité, probité et honnêteté à respecter les règles qui régissent l’exercice du pouvoir, nous parviendrons à promouvoir l’Etat de droit et surtout faire fonctionner la démocratie en créant un espace de dialogue permanent dans le pays.
En un mot, on doit créer toutes les conditions susceptible d'accéder à la bonne gouvernance pour notre bien être collectif. Ainsi comme nous examinons le contrat (engagement) républicain, nous sommes amenés à donner notre vision, sinon notre conception de la République, qui doit elle-même être l’œuvre des citoyens.
La République est avant tout un Etat régit par des lois. En République même le chef de l’Etat est soumis à la loi commune. Sa personne n’est pas sacrée, il peut être traduit devant les tribunaux. Son pouvoir vient d’en bas, il émane du peuple qui l’a élu.
Il s’agirait donc de passer du tribalisme au patriotisme en faisant respecter les droits humains, le règne de la justice, l’égalité des chances et la neutralité de l’administration en mettant en place un environnement crédible qui inspire confiance à tous les enfants du Congo Brazzaville.
Les leaders d’opinion, les grandes âmes et personnes ressources doivent donc exhorter toutes les forces vives à promouvoir et à signer un engagement de concorde nationale qui favoriserait la participation inclusive de tous dans l’œuvre de reconstruction de nos infrastructures, superstructures et structures.
Dans les pays avancés, on constate que la règle édictée est au dessus de tous, notamment des chefs ; le chef n’est pas un homme en chair et en os, mais la loi. La loi est la seule référence ; ainsi les forces vives qui doivent souscrire à cet engagement Républicain doivent éduquer, intégrer et propager l’idée selon laquelle, seule la loi doit nous gouverner.
La loi comme dans les pays qui nous inspirent doit être la même pour tous. C'est-à-dire, qu'il s’agit d’imposer la même norme sur tout le territoire national, c’est le principe même de l’égalité. Cela nous conduit à créer les conditions qui permettraient d’instituer une justice pour tous, sans distinction de région, de religion, de couleur ou de tribu.
Chaque circonscription a son député, mais ce député Congolais représente la Nation tout entière et non sa circonscription. Seule son élection fait sa légitimité et non son origine.
En classe le petit Batéké, M’bochi, Vili, ou Lumbu suit les mêmes programmes, que le M’béti dans la cuvette ouest, le Kamba de la Bouenza. Le recrutement dans la haute fonction publique doit se faire par concours national et non par cooptation, en faisant subir à tous, les mêmes épreuves. La force publique doit refléter l’unité nationale, l’amour de la patrie et le recrutement en son sein doit se faire par quota égal pour tous les départements ; ensuite, ces jeunes seront cantonnés, formés, et éduquer dans un esprit de respect des valeurs Républicaine, patriotique et Nationale obéissant au pouvoir civil, l’armée sera soumise.
La première caractéristique de la République, qui vient heureusement de toutes les constitutions qui ont régis notre pays ; c’est l’indivisibilité de la République. Bien que la République soit indivisible ; elle reconnaît en son sein la diversité des couleurs locales, mais dans l’unité supérieure d’une Nation, des langues vernaculaires (kongo, lingala), administrative, d’un même code civil, pénal et familial.
Nous devons dénoncer, condamner et fustiger avec force tout ce qui tend à morceler, séparer, démanteler la communauté civique, que nous sommes appelés à bâtir en permanence et sans relâche.
Celle-ci respecterait les folklores, les cultures et usages mais, elle sera soumise à la loi commune que nous devons tous scrupuleusement respecter. Le Congo Brazzaville, que nous voulons bâtir sera composée de citoyens.
Quand la puissance publique s’affaiblit, les roitelets reviennent à la périphérie. Seul un Etat impartial, neutre et juste peut surmonter les milles et un intérêt privé, en faisant appliquer par les magistrats honnêtes, intègres, neutre et pleine de probité les lois sur toute l’étendue du territoire National : aux célèbres, aux anonymes, aux pauvres, aux riches, aux puissants et aux faibles.
Hélas, jusqu’à maintenant, notre pays n’a connu que des gouvernements trop forts qui étouffent les affaires, et font tout pour annihiler, pervertir et même détruire l’Etat de droit. Nous avons besoin des juges capables de veiller au respect des lois, non pour les interpréter à leur guise. Les Ministres, les hauts fonctionnaires, les officiers et les élus doivent avoir l’obligation de rendre des comptes à la justice ordinaire comme l’exige la République.
La République que nous voulons, c’est celle qui accorde à la loi toute sa place, et qui fait en sorte que nous puissions par une forte volonté politique sortir de l’arbitraire en faisant émerger une entité abstraite, érigé comme support permanent du pouvoir derrière laquelle s’effacent les gouvernants.
Les gouvernants, qui ne seront plus que des organes de l’Etat, exerçant le pouvoir en son nom ; la subordination à la norme juridique, la puissance des gouvernants se déployant sur la base des règles générales, impersonnelles, objective ; la transformation du pouvoir à l’autorité ne s’appuyant pas seulement sur la contrainte mais aussi par le consentement des gouvernés. Il s’agit là d’un appareil structuré et cohérent de domination légitime pour le bien collectif.
Notre système administratif doit faire en sorte que l’Etat central arbitre les conflits privés et assure la cohésion sociale du pays en consacrant les fonds à l’éducation, à l’ordre public, aux infrastructures, à la justice et aux nouvelles technologies.
Nous sommes favorables que le bien commun puisse l’emporter sur les intérêts privés, que l’Etat ait la responsabilité d’assurer la répartition équitable des richesses disponibles, tout en renforçant quotidiennement l’égalité des chances.
Cela n’exclut pas que l’on cultive l’individualisme économique, la libre initiative et la réussite personnelle. Soulignons que le défi consiste de transformer un pays tribaliste, avec un pouvoir plus ou moins clanique en une patrie moderne et démocratique. On devrait assurer la liberté d’expression à ses adversaires et donner un statut à l’opposition.
Cette république, que nous appelons de toutes nos forces doit :
1 - Consolider le processus démocratique et la réconciliation nationale en jouant sur la justice sociale, la transparence, l’équité territoriale de manière à ce que cela impacte le cadre de vie de nos populations rurales et urbaines.
La démocratie, c’est garantir et protéger les libertés d’expression, de la presse et les libertés publiques dès lors que celle-ci ne viennent pas troubler la cohésion nationale ; la loi châtierait tout propos consistant à saper l’unité nationale ou faisant place au tribalisme. Libérer la parole en usant des outils de la démocratie participative, à coté de la démocratie représentative ; il faut noter que la démocratie n’est pas le règne de la majorité. C’est plutôt la capacité qui consiste à faire que la minorité garde tous ses droits d’expression et d’organisation.
Quand aucune fraction du peuple, même la majoritaire, aucun groupe, aucun individu ne peuvent imposer leur loi aux autres. Quand aucun parti, clan, famille, église ou ethnie ne peuvent confisquer la souveraineté.
2 - Mettre en place des gardes fous pour éviter que le gagnant sinon le détenteur du pouvoir soit omnipotent. La tradition a promu la séparation des pouvoirs.
On en distingue trois : il y a le pouvoir de faire exécuter les lois qui appartient au gouvernement, c’est l’exécutif. Il y a le pouvoir de faire les lois, qui apparient à une ou deux assemblées (sénat et assemblée nationale), c’est le législatif. Il y a le pouvoir de rendre justice, qui appartient aux magistrats, c’est le judiciaire.
Au Congo Brazzaville, nous rencontrons tous ces pouvoirs. Sauf qu’ils dépendent tous d’un seul Homme, qui agit selon son propre bon plaisir et pour défendre ses privilèges. On n’est pas des citoyens, mais nous sommes en fait des sujets, sans souveraineté aucune.
Afin de corriger tout ces abus et de ne pas réitérer les erreurs du passé, il vaut mieux diviser ce pouvoir, d’ailleurs MONTESQUIEU lui-même disait « seul le pouvoir peut arrêter le pouvoir ».
Il s’agit donc d’assurer réellement l’indépendance de la justice, que le parlement ait la maitrise de son ordre du jour et que l’exécutif mette en œuvre sa politique sous le contrôle du peuple qui est représenté par ses élus au parlement.
3 - Faire de nos compatriotes des citoyens en leur permettant de participer de leur plein gré à la vie de la patrie. Le citoyen est celui qui gagne le droit de faire partie du souverain. Il a le pouvoir d’élire et d’être élu.
Ainsi l’on doit élargir le champ référendaire en créant un large cadre de débats pour que les citoyens donnent leur avis en toute connaissance de cause.
4 - Favoriser la décentralisation et la déconcentration en déplaçant le pouvoir du centre vers la périphérie de manière à rapprocher l’administration vers les administrés.
Il faut donc transférer certaines prérogatives de l’Etat central aux collectivités territoriales en leur apportant les moyens de leurs politiques.
On peut envisager de raffermir l’autonomie locale ; en confiant des compétences élargies dans les domaines économique, social ou culturel, puisque les autorités disposent de la faculté de libre détermination. Ces relations entre le centre et la périphérie doivent être fondées sur la coopération.
5 - Promouvoir la justice sociale en mettant en place les fondements solides pour la prospérité des générations présente et future, en étant conscient que l’économie, la sécurité, la bonne gouvernance et la démocratie sont les piliers d’un développement harmonieux, heureux et radieux entretenu par une croissance durable.
On a donc besoin d’investir massivement en matière d’infrastructures de qualité, d’éducation, de santé et de culture, puisqu’il faut sans cesse élever le niveau de compétences tant dans nos entreprises que dans l’administration, qu’il est important que nous accumulons le capital humain pour faire fonctionner l’Etat, promouvoir l’excellence et une administration efficace, probe, honnête et neutre.
6 - Dynamiser le capital humain par la formation des jeunes pour élargir les capacités de manière à accroitre les compétences pour transformer et valoriser les ressources naturelles.
Tout en développant les entreprises créatrices de richesses ; tout en garantissant à notre jeunesse les lendemains meilleurs par son insertion dans l’appareil productif, et à la vie professionnelle.
7 - Engager à l’échelle nationale des politiques redistributives pour accompagner le développement, intégrer les plus démunis dans le processus de production, à l’insertion professionnelle et l’accès à la santé ; en œuvrant pour le progrès social, en facilitant l’accès des tous à l’éducation, à la santé, à l’électricité, à l’eau, la sécurité alimentaire, à l emploi, en livrant une lutte sans commune mesure contre la pauvreté.
8 - Organiser la société civile en vue que celle-ci devienne une force de proposition, d’alerte et de protection des démunis ; agissant en faveur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, de la stabilité macroéconomique, et de l’innovation.
9 - Sortir des égoïsmes tribaux, en multipliant nos projets communs, renforcer les échanges au niveau national (le Congo échange avec lui-même moins de 6% des biens et services).
Sans parler de l’assainissement des finances publiques, nous aurons besoin d’une forte croissance pour créer les emplois, garantir la paix sociale et consolider la démocratie. Ainsi le pacte républicain doit favoriser la réconciliation de toutes les forces vives, filles et fils du Congo Brazzaville en s’appuyant sur le développement économique, des institutions fortes parce qu’inspirant la confiance, des entreprises dynamiques susceptibles d’accroître la productivité du travail, en influençant le pouvoir d’achat, l’amélioration de la qualité de vie et la préservation de l’environnement dans un cadre qui permet de perfectionner quotidiennement le progrès social, la démocratie et l’Etat de droit.
Il nous faut promouvoir alors une société où la loi va primer sur toutes les autres considérations, en permettant d’introduire plus d’équité dans nos territoires pour impacter positivement le cadre de vie de nos concitoyens.